L'école buissonnière

L'école buissonnière

« En analyse, c'est le patient qui sait . »
« Le seul problème de l'analyse, c'est l'analyse de l'analyste. »
S. Freud

Dire que nous sommes facilement rattrapés par la volonté de contrôler, l'autre, soi, la cure, la prise de parole dans un groupe d'analystes, la théorie c'est enfoncer une porte grande ouverte. Pourtant le faux-soi du psychanalyste guette, si pour sauver la ligne d'une école ou les croyances des maîtres ou analystes du passé nous portons le masque et prenons la pose. Se protéger de la contagion du transfert-hors-cadre ? peste imaginaire des psychanalystes ?

Toutes écoles et tendances confondues, ne surgissent-ils pas, parfois, ces mots d'exil et de pouvoir, ces mots de mort,entre analystes ?

L'histoire des mouvements psychanalytiques en France n'en est pas exempte.

Alors, plutôt que ? ou à côté de - la célèbre formule lapidaire de J. Lacan : « le psychanalyste ne s'autorise que de lui-même », je crois, puisqu'il s'autorise, que le psychanalyste, dans le moment où il s'autorise la pratique de son métier et l'exercice d'une parole dans la cure ou sur celle-ci, s'autorise aussi malgré lui-même. A son corps défendant. Dans une distance, l'excluant, qui exclut tout pouvoir, sur l'autre et sur soi-même.

De quoi s'autorise le psychanalyste ? Cela reste mystère. Mystère qui n'a pas nécessité à être découvert ou explicité. Les discours, les théories, les écoles et les institutions psychanalytiques ne sont qu'une façon, chaque fois nouvelle, de circonscrire et d'apprivoiser ce non-connu, non-maîtrisable. Alors si ces outils se muent en doctrines, en religions ou en sectes, ils rompent le lien avec le doute fondateur de toute recherche sur soi-même, ils nient l'ouverture à laquelle la psychanalyse prend sa source, ouverture à ce que l'inconscient en chaque être échappe à tout contrôle.

Lorsque la psychanalyse s'enferme, elle change de visage. Elle se défigure.

Subversive, iconoclaste, inventive, elle l'est, par essence.
C'est là sa vitalité.
Sa liberté première.

Saverio Tomasella

novembre 1999