Ingérence divine III
essais

Elles étaient des filles des villes, des cocottes, des grues, des poules, des mannequins dans des vitrines, des prostituées. Elle est, elle, la fille des champs, l'unique, « une femme en elle-même, et sans au-delà ». De quel amour le jeune philosophe Ferdinand Alquié l'aura-t-il aimée ?
Jacques Lacan s'emploie à réduire sa hantise d'elle : il fait parvenir à son ami une fort émouvante lettre, à laquelle il joint le seul poème qu'il ait jamais écrit.
Unique, Ariane ne l'est pas moins dans son accouplement à Dionysos. Inspiré par Lou Salomé, comme le montre ici Chantai Maillet, Nietzsche en dessine le portrait : libre, elle sait y faire avec son fil, dompter, apaiser la jouissance en excès dont souffre son amant ; elle en reçoit le don dans sa chair.
Alquié, Lacan, Nietzsche esquissent ce que serait une erotique déshabitée de Dieu, une erotique où, fruit d'une conquête qui est aussi un deuil, l'Autre est reconnu inexistant.