Adam Phillips est psychanalyste. Il est Visiting Professor à l'université d'York, au département de littérature. Il dirige chez Penguin la nouvelle traduction des œuvres de Freud. Il a écrit de nombreux essais, dont plusieurs sont des succès internationaux. Le New York Times a parlé d'un essayiste qui « combine l'énergie des grands esprits universels de l'ère victorienne, comme Thomas Carlyle et John Ruskin, avec une croyance radicale dans l'indétermination de toute vérité, qui caractérise la sensibilité post-moderne de Walter Benjamin ou de Jorge Luis Borges». Traduit de l'anglais par Michel Gribinski.

penser/rêver

Cette biographie, due à son meilleur connaisseur, met la pensée de
Winnicott en tension, voire en crise : il s'agit d'une biographie
critique. D'où, peut-être, le fait qu'on ait dû attendre vingt ans pour
qu'elle paraisse en français. Dans les années 1980, en effet,
le médecin parfois un peu trop positif du couple mère-enfant, que
l'on se contentait souvent en France de voir comme un théoricien
délicat et original, semblait installé à l'écart des conflits - ceux de
la sexualité, ceux du pouvoir, et ceux, s'ils en diffèrent, de la
psychanalyse. Il a fallu du temps pour déchanter. La «capacité
d'être seul» - titre d'un de ses articles célèbres paru en 1958 -
deviendra une vision hautement conflictuelle et quasi négative de
l'homme quand, en 1963, Winnicott écrira : «Chaque individu est
un isolât, en état permanent de non-communication, inconnu
en permanence, en fait jamais découvert. »