La résonance fantasmatique est à l’origine des phénomènes groupaux, c’est un fait acquis. Mais comment considérer ce qui se passe en deçà des fantasmes, à un niveau plus archaïque, plus sensoriel ? S’agit-il d’un fond commun indifférencié, syncrétique selon l’expression de Bleger, d’une peau commune qui soude les individus les uns aux autres (Turquet), ou bien d’un registre plus complexe, mouvant, dynamique constituant toute une série d’enveloppes propres à constituer le groupe en lien avec des données psychiques plus élaborées, comme les fantasmes et les instances ?​

De nos jours, la sensorialité comme la notion d’enveloppe sont très largement utilisées dans les diverses cliniques groupales, celle des groupes thérapeutiques ou d’analyse de la pratique, celle du couple et de la famille, des équipes ou des ensembles institutionnels. Du bébé à la personne âgée, de l’hôpital à la maison d’enfants, de l’élève au patient, du soignant à l’éducateur, dans de multiples directions la pratique est mise à mal. Les enjeux sociétaux n’y sont pas indifférents, la période du covid a accentué, voire produit ces tensions. ​

Comment l’étude du registre sensoriel des enveloppes peut-il nous servir de guide pour envisager aussi bien des résistances groupales a priori incompréhensibles, comme des processus inattendus de transformation ?  L’objectif de ce numéro consiste ainsi à expliciter les enjeux tant cliniques, méthodologiques que théoriques des processus propres à la sensorialité dans la construction des enveloppes, individuelles et groupales. ​