Du sein au meurtre
Joseph Gazengel est médecin. Il a travaillé comme neurologue, tous les matins pendant trente ans, dans le service de Neurochirurgie de la Salpêtrière. La psychanalyse lui a prêté ses instruments de pensée. Il a déjà publié un premier ouvrage, Vivre en réanimation, Lazare ou le prix à payer, L'Harmattan, 2002. Table des matières À propos de l’antisémitisme 7 Au coeur de l’enfer avec Zalmen Gradowski 17 Charlotte Beradt, une moissonneuse de rêves 41 Germaine Tillion, de l’Aurès à Ravensbrück 67 Albert Camus. De la place des Arabes dans les romans d’un Algérois 89 George Orwell, un utopiste désabusé 111 Répéter 129 Mort et phantasmes de meurtre 143 Le More de Venise 159 Post-scriptum 165 Tony Lévy. Postface 167 Reconnaissances 173 Bibliographie 177 Un bref raccourci Un regard animé par la psychanalyse sur l’institution criminelle nazie, ses mauvais songes, ses assassinats, et sur les langages totalitaires. Un coup d’oeil au statut de l’étranger. Un regard animé par la psychanalyse sur l’institution hospitalière faite pour soigner et guérir, mais pleine aussi de douleurs de silences et de morts. Tous les textes rassemblés ici ont été présentés au séminaire parole/génocide de Michel Fennetaux, ils en ponctuent le trajet. Deux courtes citations « D’aucuns se demandent : pourquoi est-ce devenu une sorte de banalité convenue que de parler de la jouissance commune à écrabouiller l’autre ? Cela peut se lire comme une question naïve, mais il ne serait alors que de regarder la quelque dizaine de potentats sanguinaires que sécrète chaque siècle, pour que s’impose une évidente réponse : ils sont trop visibles pour qu’on passe à côté de leur obsession féroce à écraser leurs sujets pour mieux en jouir, il ne serait alors que de regarder la façon dont certains hommes, si mince que soit leur pouvoir, jouissent d’en faire sentir tout le poids à ceux qui sont dans le besoin, à ceux qui sont étrangers, ou encore de revoir Salo ou les 120 journées de Sodome de Pasolini ». P 13. 2 « Il me semble que le plus grand scandale est que nous tolérions tous sans broncher que des hommes avec leur famille, leurs enfants, soient enfermés parce qu’étrangers, dans des lieux dont le nom, centre de rétention, est incapable de masquer le caractère carcéral. En d'autre temps, on appelait bien camps de concentration des lieux de terreur et de mort. Les euphémismes prolifèrent... Il arrive donc qu'une partie des gens qui habitent notre pays sont traités comme des choses et qu’on en parle comme on parlerait de biens de consommation ». P 107. 3 [Oedipe.org] www.œdipe.org Œdipe Prix Œdipe Dossiers Lire Enseignements Adresses Vos questions Forums Loisirs Mail Imprimer informations Votre email : Votre mot de passe : (Mot de passe perdu ?)| Pas encore inscrit ?| Forum : L'accès du forum est libre en lecture mais pour y poster un message vous devez vous inscrire en remplissant le formulaire d'inscription. Cette inscription est distincte de celle du carnet d'adresses. Les informations fournies pour le forum ne sont pas publiées. Elles nous permettent seulement de savoir qui vous etes et d'entrer en contact avec vous si nécessaire. Carnet d'adresses : Accès restreint Certaines parties du site oedipe sont protégées. Pour y accéder, vous devez etre inscrit sur le carnet d'adresse d'oedipe (mode d'emploi). 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C’est dans le cadre de ce séminaire que les textes qui nous sont proposés par Joseph Gazengel ont été conçus afin d’être débattus au sein de ce groupe dans lequel se trouvaient réunis des psychanalystes mais aussi des professionnels venus d’autres horizons. D’un auteur nous lisons le plus souvent un ouvrage puis passons à un autre. Joseph Gazengel a suivi, sur la proposition de M. Fenneteaux, une autre voie, celle qui consiste à s’attacher à toute l’œuvre d’un auteur pour découvrir la question qui anime son travail d’écriture. Des travaux effectués au sein de ce séminaire c’est le premier à être publié. Espérons qu’il y aura d’autres participants à s’y risquer. Un certain nombre de ces textes ont été publiés dans oedipe mais leur lecture dans la suite révèle une autre richesse. Le titre lui-même heurte, sans doute dans le même affrontement que celui souligné du tiitre du séminaire. C’est que l’auteur nous parle de notre humaine dépendance à l’autre celle qui commence dès notre naissance. Une dépendance, une fragilité que nous aimerions nier tout autant que notre propension aux exactions les plus extrêmes. D’emblée c’est au plus noir de l’être que J. Gazengel nous plonge et l’on voit bien que lui-même y répugne. Heureusement qu’il nous y conduit car franchement c’est la une descente dont on se passerait bien. Notre compagnon c’est un homme extraordinaire et inquiétant à la fois, Zalman Gradowski membre des Sonderkommando (ceux qui travaillaient à l’extermination et s’activaient autour des fours crématoires). Avec lui nous descendons en enfer. Puis nous voici plongés dans des rêves où la pensée se perd, ceux rapportés dans le livre de Charlotte Beradt qui les a rassemblés en Allemagne à partir de 1933 et où se révèle tout à la fois la destruction de la pensée et celle du rêveur porté pour s’en défendre à s’identifier au discours même de ceux qui le torture. Mais nous en émergeons bientôt avec une autre figure, admirable celle-là, celle de Germaine Tillion dont la force de vie éclate au fil des pages et qui dans son travail de passeur entre Français et algériens durant la guerre d’Algérie a fait la preuve d’un courage au-delà de tout ce qui est imaginable. Puis c’est autour de Camus d’être interrogé sur sa curieuse cécité vis-à-vis des Algériens qui ne sont, tout au long de son œuvre, que des ombres à l’exception notable de son dernier ouvrage non publié. Enfin vient Georges Orwell l’auteur de 1984 et son parcours singulier qui le conduit à écrire ce livre qui nous sert aujourd’hui encore de référence pour penser le monde et ce qui peut nous conduire à cette aliénation volontaire tellement présente aujourd’hui. Enfin, l’auteur parle de lui et de son expérience de neurologue au sein des services de réanimation. En ce lieu la mort est omniprésente et la tentation de tuer pour abréger les souffrances du malade ou celles du médecin impuissant face à la douleur. Seule la loi protège des passages à l’acte . C’est alors d’un bel optimisme dont fait preuve Joseph Gazengel qui voit dans la présence d’un psychanalyste au sein de ces services une voix susceptible de tempérer l’angoisse des uns et des autres. Certes cette présence est souhaitable mais sans doute ne faut-il pas en attendre autant que ce qu’en espère l’auteur. De même Joseph Gazengel oublie-t-il, lorsqu’il prend le parti –pour ensuite s’en dégager- de ceux qui refusent l’euthanasie active que la transgression de l’interdit de tuer pour le médecin a une première fois déjà été levée à propos de l’avortement. De ce dernier on dira que ce moment a constitué un réel basculement dans la position des médecins vis-à-vis de leur fonction et que la légalité n’a pas empêché la blessure qui reste profondément inscrite dans le corps et la psyché des femmes qui y ont recours. Quelque chose a bel et bien basculé à ce moment de l’histoire de la médecine. La problématique concernant l’euthanasie n’en est que le second volet. Pour avoir assisté en service de néonatalogie à cette pratique de l’euthanasie passive et à l’hypocrisie qui se dissimulait derrière ce terme suis-je moins enclin à écouter ceux qui préfèrent « se laver les mains du sang de ce juste » On notera enfin la très belle conclusion de Tony Levy à propos de la joie d’être juif et qui répond magnifiquement à certains propos tenus par l’auteur au sujet de ce qu’il nomme son propre antisémitisme inconscient. Attention cependant la aussi à ne pas confondre cette interrogation profonde et sincère avec les actes et les propos des chemises brunes. Au travers de toutes ces lectures c’est vers une seule question que ce livre nous porte : qu’en est-il de l’humaine condition ?. Qu’est-ce qui fait l’essence de l’être humain. Que fuyons-nous lorsque nos bons sentiments masquent notre haine de l’autre, notre racisme caché, notre antisémitisme. Sans doute est-ce là une donnée fondamentale. Mais dans la figure de Germaine Tillion, Joseph Gazengel laisse aussi percer que si nous savons cacher notre noirceur, il y a aussi au fond de nous une disponibilité et une générosité qui elle aussi sait se dissimuler, nous délivrant malgré tout à la fin de cet ouvrage et peut-être sans le savoir un message d’espoir . laurent le vaguerèse

JOUISSANCES,
du sein au meurtre
L'auteur s'intéresse à deux institutions, les camps nazis et les salles de réanimation, et aux gens qui y souffrent et qui y meurent.
Pour les camps, sa réflexion s'appuie sur la lecture de plusieurs écrivains dont il a visité l'œuvre. Zalmen Gradowski, sonderkommando à Auschwitz, dans Au cœur de l'enfer, crie vers nous douleur et vengeance. Les Allemands ont été écrasés par le nazisme jusqu'au creux de leurs nuits, Charlotte Beradt a recueilli leurs rêves pour en témoigner. Retenue contre son gré au camp de Ravensbriick, Germaine Tillion, ethnographe, en a réalisé une étude es qualité. George Orwell, avec 1984, apporte la lumière de la fiction sur la destruction du langage et de l'humain.
Pour les salles de réanimation, l'auteur s'appuie sur son expérience. Neurologue en blouse blanche et analysant perpétuel, il a accompagné les réanimés au lieu même de leur souffrance. Les salles de réanimation sont faites pour redonner la vie et y parviennent avec brio, mais à quel prix ? Telle est la question à laquelle il tente de répondre.
Après avoir exploré, en compagnie de Freud, les répétitions tragiques qui peuvent nous asservir, il nous parle de nos fantasmes de meurtre et aborde le problème de l'euthanasie, cette éraflure que d'aucuns voudraient faire à l'interdit du meurtre.

ISBN : 978-2-343-02544-5
20 €

9'782343"025445