rire
novembre 2024
59
€18.00

Rire

« La vie n’est pas tragique. Elle est comique. », Jacques Lacan. Cet inattendu a ouvert la voie d’Ornicar ? 59 dédié au rire. Telle serait une conclusion que chaque analysant peut tirer de l’expérience analytique, allégé de quelques drames qui ont trouvé à s’exprimer, s’éclairer, se répéter jusqu’à s’user, pour enfin s’effacer. Les larmes de l’enfance ayant valeur d’éternité s’assèchent. Le passé se fait moins douloureux d’être intégré à l’histoire. Un ciel d’orage laisse place enfin à l’éclair du Witz ou à un éclat de rire.

Lacan époussette la tradition comme l’allure funèbre. Pourquoi Freud a-t-il eu recours à la tragédie fondatrice d’Œdipe pour donner ses assises à la psychanalyse ? Le fond n’est-il pas plutôt tissé de la comédie des sexes, synthétisable dans la destinée du phallus bouffon, érigé pour toujours retomber ? Lacan ne vise pas seulement ici l’image ou le symbole qui, derrière l’organe, est toujours en jeu dans le rire. Jouant sur les mots et sur l’équivoque qui à l’occasion produit un mot d’esprit, Lacan évoque la peau dure de l’imaginaire qui s’« exfolie 1 » d’être réduit au fantasme – sexe-folie, ajoute-t-il, dans une pointe qui réduit le phallus à un délire et la cure à un bon nettoyage.

Qu’est-ce qui fait rire, amuse, provoque ce mouvement irrépressible, contingent, bizarre, qui lui-même procure du plaisir, mais peut aussi signer la gêne ? Du plaisir du jeu de mots à l’effet de poésie, les auteurs de ce numéro ont mis le rire à l’épreuve de l’écriture, à travers le temps, la littérature, l’opéra, la caricature, la philosophie, ou encore le théâtre.

Dans la galerie des personnages d’Ornicar ? 59, sérieux ou burlesques, une place de choix est accordée à l’un d’entre eux, au cœur de l’humaine comédie : le valet. À lui seul, il pourrait illustrer ce qui, dans une variante de la dialectique du maître et de l’esclave, fait passer le tragique au comique. C’est ce qu’explore Jacques-Alain Miller dans une leçon inédite. — Deborah Gutermann-Jacquet

 

Présentation de l’auteur

La rédaction : Jacques-Alain Miller, président ; Deborah Gutermann-Jacquet, directrice.

 Les auteurs du Champ freudien :

Miquel Bassols, Gil Caroz, Alice Delarue, Marco Focchi, Nathalie Georges-Lambrichs, Philippe Hellebois, France Jaigu, Éric Laurent, Jérôme Lecaux, Jacques-Alain Miller, Laura Sokolowsky.

Et des auteurs de disciplines plurielles :

Olivier Assayas (cinéaste) ; Dorian Astor (dramaturge) ; Patrick Besnier (littérature) ; Romain Brethes (Antiquité) ; Michel Delon (littérature) ; Jean-Michel Déprats (traducteur de Shakespeare) ; Florence Dupont (littérature latine) ; Pascal Dupuy (histoire moderne) ; Anne Lise Heimburger (actrice) ; Hélène Henry-Safier (traductrice littéraire) ; Jean-Pierre Lefebvre (traducteur de Freud) ; Romain Menini (littérature) ; Guillaume Métayer (littérature) ; François Noudelmann (philosophe) ; Alain Schaffner (littérature) ; Yue Zhuo (littérature).

 

sommaire

Sommaire

Ornicar ? 59 – Rire

 Deborah Gutermann-Jacquet, Gai bavardage

 RIRE

Florence Dupont, Rire homérique

Romain Brethes, Lucien

Romain Menini, Rabelais

Miquel Bassols, Don Quichotte

Jean-Michel Déprats, Shakespeare

Michel Delon, Rires libertins

Pascal Dupuy, James Gillray

Dorian Astor, À l’opéra

Jean-Pierre Lefebvre, Famillionär

Éric Laurent, Gogol

Hélène Henry-Safier, Dostoïevski

Guillaume Métayer, Nietzsche

Anne-Lise Heimburger, Feydeau

Patrick Besnier, Courteline

France Jaigu, P. G. Wodehouse

Nathalie Georges-Lambrichs, Kafka

Alain Schaffner, Mangeclous

François Noudelmann, Sartre

Yue Zhuo, Bataille

Philippe Hellebois, Queneau

Jérôme Lecaux, Thomas Bernhard

Marco Focchi, Italo Calvino

Gil Caroz, L’humour juif

Olivier Assayas, Au cinéma

Jacques-Alain Miller, Vicissitudes du valet

ARCHIVES

 Deux séances de Roland Barthes chez le Dr Lacan

MISCELLANÉES

Jacques-Alain Miller – Laura Sokolowsky – Alice Delarue