Ils sont venus pour manger deux petits...

Ce livre est un libre tissage, fait d'images et d'histoires, produites et entendues, celles dont l'auteur, qui a grandi en Afrique, est im­prégné. Il s'ouvre sur le récit d'une enfance où images et histoires ne coïncident pas toujours : une scène est surprise que l'enfant ne devait pas voir, qui reste tue et dont il devra faire son affaire. L'écrit suit le chemin de cette image en trop, enfouie sous une construction ad hoc, jusqu'à son surgissement dans la cure ; un signifiant remis à sa place par l'analyste écroule l'édifice qui la tenait hors de por­tée. C'est depuis cette expérience qui fut révélation que le scripteur raconte ce qu'est un souvenir écran pour la psychanalyse, butant au passage sur une notion nouvelle et très actuelle : le délire-écran.

Texte étonnant soumis d'emblée à un parti pris : qu'il soit accessible à quiconque sait lire : pas de jargon, ni citations, sans céder sur l'exi­gence devenue familière aux lecteurs de Daniel Bartoli, celle d'un style d'écriture élégant au service exclusif de la narration plutôt qu'à celui de la rhétorique.

Gageure réussie : élever, depuis un souvenir d'enfance éblouissant donc aveuglant, l'histoire manquante au rang de conte psychanaly­tique, pour le plaisir du texte.

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