Jacques Angelergues, Claire Maurice et Anne Tirilly, avec les contributions de Emmanuelle Chervet, Laurent Danon Boileau, René Diatkine, Kalyane Fejtö, Florent Houssier, Simruy Ikiz, Rémy Puyuelo, Florence Quartier, Dominique Suchet, Éva Weil et Nathalie Zilkha.

Freud a d’abord pensé la latence comme une période située entre la crise œdipienne et l’adolescence, caractérisée par un relatif silence pulsionnel. C’est « l’âge de raison », propice à l’épanouissement du Moi. Les idéaux se développent ; les intérêts se tournent vers la compréhension du monde extérieur, favorisant les apprentissages. D’intenses investissements narcissiques contribuent à la constitution de l’identité personnelle. Au-delà, le suspens de la réalisation des vœux œdipiens détermine un écart temporel organisant le diphasisme de la sexualité humaine. Ces désirs sont mis «en latence» jusqu’à ce que la puberté les ravive, et les remanie dans le meilleur des cas, pour ouvrir sur une sexualité adulte tournée vers l’extérieur du milieu familial. D’autres auteurs ont par la suite exploré les processus latentiels, prototypiques du fonctionnement en après-coup, à l’œuvre à tous les âges de la vie, en particulier dans la cure. Au point que l’élargissement d’une capacité de mise en latence, en appui sur la réserve interprétative de l’analyste, a pu apparaître comme une visée du travail psychanalytique tant elle favorise le fonctionnement du préconscient. Cette capacité témoigne de l’investissement du mouvement psychique et du développement d’un plaisir de penser en attente de configurations définies.