du non-rapport sexuel selon Lacan

Si Freud dans une riposte à la psychiatrie du XIXème siècle a eu beaucoup de mal à faire connaître et accepter sa théorie de la sexualité, pour d’autres, Lacan reste encore sur ce sujet d’une certaine obscurité. Guy Le Gaufey ne revient pas sur le principal : le sexe biologique visible par son organe n’est pas l’objet de la « sexuation ». Si la sexualité liée à la pulsion de vie suit le parcourt de chacun, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, ce n’est qu’à la suite de la poussée hormonale que le génital apparaît comme un bouleversement volcanique. Ce génital qui est l’instinct de reproduction via la copulation, c’est ça que le langage courant nomme sexualité.

Ici l’auteur aborde sur deux chapitres les conditions épistémiques du : « Il n’y a pas de rapport ». Relisant Lacan qui relisait les textes de Freud durant ses séminaires, celui-ci développa la notion de sexuation pour préciser ceux qui sont côté homme et ceux qui sont côté femme en dehors des apparences physiologiques et organiques. Le français populaire ne parle-t-il pas de « femmes qui portent la culotte », alors quid de la sexuation de celles-ci ?

Les formules de la sexuation de Lacan reprennent l’axiome du phallus diversement réparti selon les humains mâles ou femelles. Chez les hommes la castration symbolique leur confère un statut différent des femmes qui, elles ne sont pas toutes castrées. Le rapport au phallus étant ce qui donne la place sexuée, homme ou femme. Ainsi peut-il y avoir des mâles côté homme ou côté femme sans qu’une homosexualité s’exprime consciemment chez le sujet. On parle alors souvent de la part féminine dans l’homme, en effet le partage chez chacun d’un peu de masculin ou de féminin n’est pas du ressort du biologique. La question qui fut résolue par Freud tourne autour du Phallus comme dénominateur commun. Lacan utilisa à titre pédagogique des métaphores pour illustrer ses séminaires, il se servit des mathématiques parmi les plus avancées comme des plus anciennes via la Grèce antique. Tout ceci n’est pas facile à digérer pour beaucoup de nos contemporains non initiés à la psychanalyse. L’auteur nous fait également part d’une riche recherche historique tant sociale que religieuse autour des dogmes liés à la sexualité pour traduire ce que nous résumerons par : dans l’inconscient de chacun (côté homme ou côté femme) il n’y a pas de sexe, l’inconscient étant l’histoire du sujet. Dans le vécu de cet historique qui n’exclut pas le transgénérationnel, c’est la place du phallus qui détermine au quotidien le côté femme ou le côté homme : c’est le gender des anglo-saxons.

La phrase énigmatique et provocante de Lacan garde tout son sens pédagogique sous l’écriture de G. Le Gaufey qui arrive à nous éclairer sur ce « Il n'y a pas de rapport sexuel », exprimant la neutralité de l’inconscient quant au sexe. Tout cet ouvrage traité à la façon d’une thèse riche et très documentée nous initie à la pensée de Lacan sur ce sujet de manière précise et détaillée, même si certains chapitres plus ardus requièrent beaucoup de concentration pour les non-matheux.

Nous avons aimé particulièrement la conclusion de Guy Le Gaufey qui pose la question que tout humain ressent sans trouver de réponse : « Pourquoi moi fille, pourquoi toi garçon ? » à la façon de « Pourquoi moi Tarzan, toi Jane ? ». Ce qui semble résumer le cheminement de cet ouvrage.