MANIFESTE DES PSYCHANALYSTES BRESILIENS POUR LA DEMOCRATIE

MANIFESTE DES PSYCHANALYSTES

BRESILIENS POUR LA DEMOCRATIE

élection Brésilbolsonaro

 

 

Le Brésil se trouve à une croisée des chemins de son histoire. À la fin des trois prochaines semaines nous serons devant un choix qui modifiera de manière décisive notre horizon. Nous sommes tous convoqués à définir clairement le type de société que nous voulons.

Les entités signataires de ce Manifeste — Sociétés psychanalytiques, Écoles de psychanalyse et Associations de psychanalystes — viennent publiquement manifester leur immense appréhension face à un scénario qui, de manière flagrante, met à mal l’État Démocratique de Droit conquis par le peuple brésilien avec un grand effort et qui soutient notre société depuis une trentaine d’années. Nous ne pouvons pas permettre cette mise à mal.

La démocratie est le seul garant de notre avenir en tant que nation, le seul chemin vers une société libre, juste et fraternelle. Son maintien implique le soutien inaliénable à la libre expression d’idées et d’association qui se traduit dans la diversité politique, culturelle, religieuse et sexuelle, ainsi que dans le rejet de toute forme de préjugés, d’oppression sociale, raciale et sexuelle. Nous devons miser sur la construction d’une société en recherche permanente de la réduction de l’abjecte inégalité économique qui nous caractérise encore.

Le moment que nous vivons n’admet pas d’hésitations. Nous appelons tous les brésiliens à utiliser en toute conscience leurs votes comme un outil de défense des valeurs essentielles de la démocratie. Nous appelons les démocrates du monde entier à nous soutenir et à rester très vigilants au sujet de la démocratie brésilienne.

Nous signons ce Manifeste

 

Articulação das Entidades Psicanalíticas Brasileiras

1.     Associação Psicanalítica de Porto Alegre - APPOA

2.     Associação Campinense de Psicanálise

3.     Centro de Pesquisas em Psicanálise e Linguagem - Recife

4.     Círculo Psicanalítico do Rio de Janeiro

5.     Corpo Freudiano do Rio de Janeiro

6.     Corpo Freudiano de São Paulo

7.     Escola Brasileira de Psicanálise - EBP

8.     Escola de Psicanálise dos Fóruns do Campo Lacaniano - EPFCL/Brasil

9.     Espaço Brasileiro de Estudos Psicanalíticos - EBEP

10.  Fórum do Campo Lacaniano - Rio de Janeiro

11.  Fórum do Campo Lacaniano - São Paulo

12.  Instituto Vox de São Paulo

13.  Laço Analítico/Escola de Psicanálise - LAEP/Brasil

14.  Práxis Lacaniana/Formação em Escola - Niterói

15.  Sociedade Brasileira de Psicanálise do Rio de Janeiro

16.  Sociedade de Psicanálise da Cidade do Rio de Janeiro - SPCRJ

17.  Sociedade de Psicanálise Iraci Doyle

18.  Sociedade Psicanalítica do Rio de Janeiro

19.  Toro - Escola de Psicanálise - Maceió

20.  Tykhe Associação de Psicanálise

Manifeste de la Société Brésilienne de Psychanalyse (SP)

en défense de la démocratie et contre l’autoritarisme

 

 

La Société Brésilienne de Psychanalyse (SP) pense qu’il est important et nécessaire de se manifester vu les derniers événements et le climat établi en notre pays.

La psychanalyse a toujours eu comme valeur maximale le courage de faire face à la vérité, défendre la liberté individuelle, le respect du groupe et la tolérance à l’égard des différences. Cela est le fondement de notre clinique et de la connaissance que nous avons acquis au long d’un siècle et plus de notre histoire.

Ces valeurs sont essentielles à la construction d’une société démocratique et de notre pratique. Nous rejetons toute menace à ces principes.

Nous voulons ainsi souligner notre préoccupation et la nécessité de réunir nos forces face au danger qui menace nos valeurs fondamentales et donc nos conditions d’exercice de notre citoyenneté et de la psychanalyse.

L’histoire nous aura averti ; sachons ne pas l’oublier.

Des témoignages (déjà!) :https://www.autresbresils.net/La-haine-politique-de-Bolsonaro-atteint-les-cabinets-de-psychanalyse-Les-recits

Non au fascisme au Brésil : appel à un rassemblement le 20 octobre

Alors qu’un candidat d’extrême-droite, avec une claire tonalité fascisante, est aux portes du pouvoir au Brésil, des initiatives de solidarités émergent en Europe. Un rassemblement antifasciste est appelé à Paris le 20 octobre, une semaine avant le second tour, avec le soutien d’associations, de syndicats et de partis politiques en France. La veille, un débat est organisé à la Maison de l’Amérique latine (toujours à Paris), en présence d’une journaliste de Basta !, pour comprendre ce qui se joue au Brésil. Voici l’appel à manifester et les différents rendez-vous.

Les résultats du premier tour des élections générales au Brésil, dimanche 7 octobre 2018, nous ont plongés dans la stupeur. Le candidat fasciste Jair Bolsonaro (Parti social-libéral - PSL) a frôlé les 50 millions de voix, soit 46,03 % des électeurs, quasiment aux portes du pouvoir dès le premier tour. Son parti a obtenu, ce même dimanche, pas moins de 52 sièges de députés alors qu’il n’en détenait qu’un seul lors du dernier mandat. La menace de voir revenir une extrême-droite au pouvoir est réelle, 33 ans à peine après la fin de la dictature militaire dans le pays.

Les associations Autres Brésils, France Amérique Latine, Les Amis du Mouvement Sans Terre, Femmes Unies Contre Bolsonaro et la Ligue des droits de l’Homme appellent à la mobilisation le samedi 20 octobre pour faire barrage au fascisme, au nécessaire sursaut international au-delà des scrutins et apportent leur soutien à la construction d’un front pour la Démocratie, au candidat qui le représente, en ce second tour des présidentielles qui se jouera le dimanche 28 octobre 2018.

« À ce représentant d’un fascisme assumé, opposons la force de nos valeurs »

Jair Bolsonaro est l’homme de tous les dangers : il n’est pas seulement le candidat de l’extrême-droite, il est celui du racisme, de l’homophobie, du machisme, du mépris de classe. Ses propos haineux et violents ont déjà déchaîné une vague de violences sans précédent contre des populations LGBTQI, des populations noires et contre les électeurs.trices de gauche : plus de 70 cas ont déjà été documentés au Brésil depuis le dépouillement des urnes le dimanche 7 octobre.

 
Lorsque les arguments rationnels semblent vains, il nous reste l’union. À ce représentant d’un fascisme assumé, opposons la force de nos valeurs, du vivre-ensemble, de l’environnement et des peuples autochtones, de la lutte des femmes, de la résistance des travailleur.e.s, des mouvements sociaux et des paysan.ne.s, ainsi que des personnes LGBTQI ; répliquons par notre combat contre le néo-libéralisme.
 

L’extrême-droite n’est pas une fatalité au Brésil comme en Europe. Elle doit être combattue partout, tant dans la rue et dans les urnes que sur internet.

Nous invitons toutes les personnes qui croient en la démocratie à se rassembler samedi 20 octobre 2018 à 15h place de la Rotonde à Stalingrad à Paris. Ensemble, refusons le fascisme au Brésil, en France, en Europe et ailleurs !

- Rassemblement samedi 20 octobre à 15h - Place de la Bataille de Stalingrad à Paris - Rotonde de Stalingrad (Métro Jaurès ou Stalingrad). Voir les soutiens ci-dessous [1].

- La page de l’événement Facebook du rassemblement ici

- Table-ronde et débat le vendredi 19 octobre, 21h00-23h00, Maison de l’Amérique-latine (217 Boulevard Saint-Germain, 75007 Paris)

Mieux qu’une analyse à chaud des résultats du premier tour, l’association Autres Brésils propose un temps de réflexion pour mieux comprendre ce que ce scrutin nous dit de la société brésilienne actuelle, pour présenter les perspectives d’un second tour prévu le 28 octobre et l’avenir qui se dessinera pour le Brésil après cette échéance.

Table ronde en présence de la juriste Carol Proner, de la Responsable Amérique d’Amnesty International France, Geneviève Garrigos. Modératrice : Rachel Knaebel, journaliste pour le média en ligne Basta !. Voir le détail sur le site d’Autres Brésils

A lire sur Basta ! :
- « Nous assistons en direct à la fascisation du Brésil »

- Brésil : vague d’agressions homophobes et contre les électeurs de gauche

Photo : CC Mídia Ninja

 
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Brésil : futur quartier général du néonazisme mondial

Pour le Brésilien que je suis, les mots utilisés pour dire ce qui se passe au Brésil aujourd’hui ne nomment pas vraiment ce qui s’y joue. On parle de dictature, d’extrême droite, de fascisme. Des mots obsolètes. Comme si la pensée s’arrêtait au seuil de l’horreur. Comme si le silence empêcherait le monstre d’advenir

C’est un épisode peu connu de la deuxième guère mondiale. Pour retarder l’avancée des forces alliées sur Caen, les nazis ont lancés contre les tanks deux milles petits engins d’un peu plus d’un mètre. Leur nom de code était : les œufs de la mort. Leur petite taille les rendaient indétectables aux radars des blindés qui se désintégraient au contact de ces équipements menus bourrées d’explosifs. La particularité c’est qu’ils étaient conduits par des enfants tziganes entre huit et dix ans. On dit que leur entrainement s’est fait dans la plus grande joie, heureux qu’ils étaient de conduire ces mini voitures. Cet enthousiasme pendant les exercices de préparation, se doit à l’instructeur militaire, excellent pédagogue et une autorité en méthodes comportementalistes.

On ne connaît pas tous les détails des conditionnements qui ont permis que l’objectif de l’opération ait été pleinement atteint : les enfants ont sans hésitation dirigé leurs véhicules contre les chars. La seule information dont on dispose : en prévision de l’action, et pour éviter que les gamins paniquent au moment de l’intervention, un mois avant celle-ci tous ont été rendus sourds par chirurgie. 95% des engins ont percuté les chars et les ont détruits. Tous les petits pilotes sont morts.

Hanna Arendt disait que «l’homme normal ne sait pas que tout est possible. » Mais, depuis presque un siècle, nous n’avons plus de doute, nous savons que l’inhumain fait partie de l’humain, que le pire est une banalité, que la haine et le meurtre peuvent être une méthode de gouvernement.

Pour ce qui se passe actuellement au Brésil des informations précises ont été donné ici, à MEDIAPART.

L’article de Romaric Godin : https://www.mediapart.fr/journal/international/221018/bresil-une-economie-en-panne-minee-par-les-inegalites,

l’échange éclairante entre Erika Campelo, Maud Chirio et Fabrice Andréani : https://www.mediapart.fr/journal/international/101018/vers-une-derive-fascisante-au-bresil ,

le papier du correspondant au Brésil, Jean Mathieu Albertini : https://www.mediapart.fr/journal/international/181018/au-bresil-les-agressions-politiques-se-multiplient-avant-le-second-tour

ou encore les réflexions de Christian Laval : https://blogs.mediapart.fr/christian-laval/blog/221018/la-dictature-neoliberale-qui-menace-le-bresil

Mais pour le Brésilien que je suis, qui a vécu un temps sous la dictature militaire installée après le coup d’état militaire de 1964, les mots utilisés pour dire ce que se passe au Brésil aujourd’hui ne nomment pas vraiment ce qui s’y joue. On parle de dictature, d’extrême droite, de fascisme. Des mots obsolètes. Comme si la pensée s’arrêtait au seuil de l’horreur, comme si l’on avait peur de penser jusqu’au bout. Par pudeur, par crainte de, en nommant le monstre, le faire exister. Comme si le silence l’empêcherait d’advenir. Mais le monstre est déjà bien là. Il rit de l’effroi qu’il provoque, il bave de jouissance en vomissant ces ordures.

Pareillement inconsistantes sont les analyses politiques qui essayent de rendre compte du comment on est arrivé à une telle situation épouvantable. On insiste sur la corruption. Mais la corruption existe au Brésil depuis qu’il est au berceau ; donc, une telle proposition relève plutôt, soit de l’ignorance, soit de la paresse de pensée. On essaye de réfléchir au Brésil, selon les repères d’une société occidentale qui a un relatif fonctionnement démocratique ; or, au Brésil il n’y a jamais eu le rempart des contre-pouvoirs. Autrement dit, c’est encore une analyse qui adopte le point de vue colonial : quelqu’un qui croit que Marie a fait un enfant avec une colombe, ne peut comprendre la multiplication cellulaire.

Quelques rappels. Steve Bannon, le suprématiste blanc (sic !), néonazi mentor de Trump, a intégré l’équipe de campagne du candidat Jair Bolsonaro. Celui-ci est en voie d’acheter, ou a déjà acheté, la chaine de télévision Record, concurrente de La Globo. Ce qui signifie que de l’argent, beaucoup d’argent, et certainement pas seulement brésilien, est déjà dans le circuit.

Avant cela : il y a eu la destitution de la Présidente Dilma Roussef, et l’installation d’un gouvernement d’assassins (cette phrase n’est ni une métaphore, ni une expression de colère). Puis, sans aucune preuve, le Président Lula est mis en prison. Quelque temps après, l’actuel chef du gouvernement annule le décret qui interdit le travail esclave et lundi dernier, le 18 Octobre il a rétabli la police politique.

Les preuves que Jair Bolsonaro est un néo-nazi, on les trouve dans ses déclarations et dans ce qu’il fait depuis des années.

Il a voté la destitution de Dilma Roussef, en dédiant son vote au tortionnaire de Dilma Roussef, le Colonel Ustra. Le fils de Bolsonaro, député nouvel élu, se déplace avec une chemise où est imprimée l’effigie d’Ustra. Mais Bolsonaro a aussi dédié son vote, comme le rappelle Jean Mathieu Albertini, à Duque de Caxias qui a massacré la révolte des esclaves brésiliens au XIX siècle.

Entre les deux tours de la prochaine élection, le vénérable Moa do Catendê, Maître de Capoeira, a été assassiné avec plusieurs coups de couteaux parce qu’il déclarait être contre Bolsonaro. Des femmes qui ont manifesté contre Bolsonaro sont violées, battues. Des homosexuels, sont lynchés : oh bicharada, toma cuidado, o Bolsonaro vai matar viado (oh les pédales, avec Bolsonaro, est venue l’heure de tuer les folles), ceux qui distribuent des tracts pour Haddad sont passés à la barre de fer.

« On donne des coups de pieds sur le visage de ceux qui aiment l’art, la culture, l’éducation, la liberté d’expression, la diversité, la citoyenneté, la solidarité, la démocratie On marche docilement vers l’abîme, dans cette insanité collective où le Brésil nie un autre Brésil possible. Et la haine, et l’horreur et la haine, et rien de ce qui est dit n’a plus de sens. L’important c’est de savoir si la bourse a grimpé, si le dollar a chuté (Ceci n’est pas un poème, dans les réseaux brésiliens, Octobre 2018, anonyme)

Oui, l’effroi est installé.

Les extraits que je donne ici, ci-dessous, viennent tous de documents filmés au cours de sa longue députation. Ils sont visibles sur youtube ou sur des réseaux sociaux brésiliens. Sans aucun doute, Steve Bannon a bien choisi, avec Bolsonaro, le terrain d’entrainement de ses troupes.

Je m’excuse d’avance de partager avec le lecteur français un échantillon minime de ce que vivent les brésiliens quotidiennement depuis des mois. Parce que, je sais, ce peu est déjà excessif. Mais il me semble important que vous puissiez vous représenter la peur, l’angoisse, l’effroi que vivent mes amis – qui seraient certainement ceux d’une grande majorité de ceux qui liront ce papier. Et la peur des amis de mes amis. Et la peur qu’ont aussi les pauvres, les pauvres, tous les opposants, le peuple – que le candidat néonazi désigne déjà comme ses ennemis. Croyez, c’est avec douleur et dégout que je transcris et traduit toute cette ignominie. Mais l’indignation et la colère contre toute cette mer de boue qui traverse le Brésil, plus la solidarité avec ceux qui sont déjà menacés d’humiliation, de torture et d’assassinat, sont plus fortes que la peine et la nausée.

Hanna Arendt disait que les nazis sont « une bande d’hommes déclassés qui cherchent à ôter aux autres leur sens de la réalité. » Voici donc Bolsonaro dans ses mots. Réflechissez. Et faites circuler ces informations.

- Je suis favorable à torture. (…) L’erreur a été de torturer et de ne pas tuer

- (Etant élu) je fermerai le Congrès et je donnerai le coup d’état le jour même. Je pars pour la dictature

- Je suis le seul député qui a voté contre tout projet des droits du travail pour les femmes de ménages

- Des politiques pour que la mortalité infantile arrête d’augmenter ? Cela a à voir avec l’alimentation de la mère, beaucoup de femmes enceintes n’ont pas d’hygiène buccale

- J’ai l’immunité pour dire que je suis homophobe. Avec grand orgueil

- Lula a annoncé hier un million de maisons populaires. J’aurai aimé qu’avec cette proposition soit aussi annoncé un million de ligatures et de vasectomies  

- Sur Hitler : Il faut comprendre ce qui s’est passé à cette époque-là. Il avait le plan de dominer le monde et d’imposer sa race. Les vainqueurs d’une bataille imposent leur volonté. Et Hitler voulait imposer sa volonté. C’est logique, aujourd’hui on n’admettrait pas cela. À cette époque là, c’était une autre histoire. Un seul homme voulait cela, et tous en Allemagne l’ont rejoint. (Journaliste : Pour vous, il y a quelque chose d’admirable chez Hitler ?) Professionnellement il a été un grand stratège. Quand tu as un général, ici au Brésil, ou dans n’importe quelle armée du monde, lui, le général, doit être prêt pour annihiler l’autre pays, pour détruire l’autre pays pour défendre son peuple

- Excuse-moi, à travers le vote tu ne changeras rien dans ce pays. Rien, absolument rien. Tu ne pourras changer, malheureusement, le jour où l’on engagera une guerre civile ici, à l’intérieur. En faisant un travail que le régime militaire n’a pas fait. En assassinant environs trente mile. À commencer par Fernando Henrique Cardoso (ex président du Brésil et qui se refuse aujourd’hui à soutenir le vote contre Bolsonaro) Non, il ne faut pas le laisser de côté. Oui, en assassinant. S’il y a quelques innocents qui vont mourir, c’est très bien. Dans n’importe quelle guerre, il y a des innocents qui meurent.

- Nous allons fusiller tous ceux qui soutiennent le PT ici, dans l’Etat du Acre (en faisant le geste d’une rafale de mitraillette)

- Sur l’esclavage, sur les noirs : Les Portugais ne mettaient même pas les pieds en Afrique. Ce sont les nègres eux-mêmes qui livraient les esclaves (…) Qu’est-ce que c’est cela d’avoir une dette historique avec les noirs ? (À une journaliste noire qui lui demande ce qu’il ferait si son fils tombait amoureux d’une noire) Écoute, nègre, je ne vais pas discuter promiscuité avec toi. Je ne cours pas ce risque, et mes fils ont eu une bonne éducation, et n’ont pas vécu dans des environnements comme sont lamentablement les tiens. ( Le non de l'interveiweuse est Preta, ce qui en brésilien veut dire nègre. La traduction n'est pas exact dans sa littéralité, mais elle rend bien l'effet de discours)(…) (Les nègres) ne servent même pas pour procréer (…) Je ne rentrerai pas dans un avion piloté par un nègre. Je n’accepterai pas d’être opéré par un nègre

- Trump est en train de faire un excellent gouvernement dans son pays

- (à une femme députée qui l’interpelle) Je (ne) te viole pas parce que tu ne mérites même pas ça

- Quelques mesures si je suis élu : zéro budget pour les ONG qui défendent les droits de l’homme … Tout propriétaire rural aura le droit d’avoir des armes ...

- Où il y a une réserve indienne, il y a une richesse dans le sous-sol. Il faut changer cela …  

Voici ce qu’a dit Bolsonaro par téléphone, lors de la manif de soutien à sa candidature le samedi 20 octobre – manif qui venait en contre-point à celle de gauche en soutien de Haddad (traduction faite et envoyée par des amis Brésiliens) :

"Cette bande (de gauche), si elle veut rester ici (au Brésil), elle devra se soumettre à la loi de chacun d'entre nous. Sinon, elle ira soit en taule, soit dehors du Brésil. Ces marginaux rouges (couleur du Parti des Travailleurs et du MST) seront bannis de notre patrie (...). Lula, tu vas pourrir dans la prison! Mais ne t'en fais pas, bientôt, tu auras la compagnie de Lindenberg Faria (Sénateur du Parti des Travailleurs très actif pendant les élections et grand défenseur de Dilma au moment de sa destitution) pour jouer aux domino avec toi! Puis Haddad, il est en chemin, mais ce ne sera pas pour te rendre visite, non! Ce sera pour rester quelques années à tes côtés en prison. Vous vous aimez tellement, n'est-ce pas? Eh bien, vous allez pourrir dans la prison ensemble! Petralhada (bande du PT, parti des travailleurs) vous n'aurez plus de voix dans notre patrie! J'effectuerai le plus grand nettoyage jamais vu dans l'histoire du Brésil. Vous verrez une armée fière qui travaillera en collaboration avec le futur du Brésil. Petralhada (bande du PT) vous aurez la police dotée d'un soutien juridique pour appliquer la loi sur votre dos. Quand à vous, les bandits du MST (Mouvement des Sans Terre) et MTST (Mouvement de Travailleurs sans toit) vos actions seront qualifiées tout de suite comme des actions terroristes! Folha de São Paulo, vous n'aurez plus un centime de la part du gouvernement ! (Folha de Sao Paulo : Quotidien qui vient de dévoiler un grand scandale concernant l'envoi illégal de milliers de fake news financé et pas déclaré par des grands entreprises et utilisés vraisemblablement par ce candidat pour salir l'image de Haddad.) Et quant à vous qui m'écoutez depuis l'Avenue Paulista (Avenue de São Paulo où se tenait la manifestation en faveur de son élection), vous êtes en train de sauver le Brésil! Restez mobilisés! 

En version originale et dans l’ordre des citations :

Eu sou favorável à tortura. O erro foi de torturar e de não matar

(Eleito) fecho o Congresso e dou o golpe no mesmo dia, parto para a ditadura)

Eu sou o único deputado que votou contra todos os direitos trabalhistas das empregadas domesticas 

Políticas para que a mortalidade infantil deixe de subir ? Tem a ver com a questão da alimentação da mãe, muitas gestantes não tem higiene bucal

Tenho imunidade para falar que sou homofóbico. Com muito orgulho.

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la nette victoire du candidat d'extrême droite dans les urnes lui offre une occasion extraordinaire d'appliquer ses promesses de répression politique dans un climat de légitimation internationale et probablement sous le patronage de Donald Trump, qui s'est précipité pour être le premier à féliciter son nouvel homologue brésilien.

Face à ce risque, la vigilance des observateurs internationaux sera cruciale, alors que son programme de privatisations massives et de suppression de la progressivité de l'impôt attire déjà à Bolsonaro la sympathie des milieux économiques nord-américains, matérialisée par le soutien public du Wall Street Journal. Dans un climat international peu favorable à la défense des droits humains, ce sera aux sociétés civiles européennes de se mobiliser pour lutter contre l'isolement des démocrates au Brésil.

L'expérience des années 1970

Durant la guerre froide, il fallut d'abord assister au bain de sang du coup d'Etat chilien de 1973 pour que la communauté internationale s'alarme de l'expansion des dictatures militaires latino-américaines. Face au discours d'extermination de l'opposant déjà déployé par Bolsonaro et aux centaines d'agressions physiques perpétrées en son nom durant la campagne, nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre une décennie pour réagir.

L'expérience des comités de solidarité internationale des années 1970, qui surent lever des fonds, organiser des campagnes, mobiliser l'espace médiatique et créer des plates-formes d'expression pour les démocrates latino-américains, doit plus que jamais nous inspirer. Elle contribua, à son échelle, à l'émergence et au succès de nouvelles formes de résistance dans le contexte périlleux de la dictature militaire brésilienne : des -réseaux d'assistance sociale de la " théologie de la libération " aux syndicalismes autonomes du grand São Paulo, du social-environnementalismeamazonien de Chico Mendes aux premières coordinations indigènes. Beaucoup de prêtres ruraux, de caciques amérindiens ou de leaders paysans dont la tête était mise à prix ont survécu grâce à cette solidarité internationale. C'est notre devoir que d'être à la hauteur de ces initiatives passées.

Antoine Acker et Silvia Capanema

Une émission sur Canal+

https://www.mycanal.fr/docus-infos/l-info-du-vrai-du-29-10-l-evenement-le-nouvel-homme-de-rio/p/1513056

Octobre 2018