Dates:
Samedi, février 9, 2019 - 09:00 - Dimanche, février 10, 2019 - 17:45

Adresse

Institut National des Jeunes Sourds
254, rue Saint-Jacques
75005 PARIS
France
Adresse du site Web: Organisateur(s) du congrès:
QUATRIEME GROUPE (OPLF)
email: contact:

Secrétariat : 01 55 04 75 27

Déroulement:

Droit d'entrée : 60 €
Etudiants sur justificatif : 20 €
Nombre de places limité, inscription obligatoire

La psychanalyse est née dans la langue, dans les langues. Un des outils princeps de l’analyse n’est-il pas l’interprétation, traduction en mots de ce qui se joue sur la scène analytique ?
Lorsqu’un analysant vient rencontrer un analyste, ils peuvent partager la même langue ou pas. Si chacun est toujours traducteur de sa propre langue, à chaque rencontre, l’analyste découvre la langue singulière de chaque patient faite d’un métissage toujours original. Il se doit alors de tisser les fils lui permettant d’ouvrir un dialogue avec ce patient-là. Entre deux langues, il y a un espace donnant lieu à une création particulière, et il appartient au psychanalyste d’en trouver l’articulation.
Le psychanalyste travaillant avec des personnes sourdes peut se trouver à devoir articuler trois langues : sa langue maternelle, la langue maternelle de l’analysant, la Langue des Signes… Mais qu’est-ce que la langue maternelle de l’analysant sourd quand ce n’est pas la Langue des Signes ? Une telle rencontre vient interroger la notion même de langue maternelle.
Cette Langue des Signes, qui se déploie dans les quatre dimensions de l’espace-temps (trois dimensions pour l’espace, une dimension pour le temps), et obéit à une logique iconique , est une langue très particulière. Elle interpelle le rapport au monde et au corps de celui qui la parle, et le film de Nurith Aviv, « Signer » a le grand mérite de nous permettre de la rencontrer en dépassant la notion de handicap tout en l’inscrivant dans sa recherche sur la langue et ses traductions.

Ce film est alors pour nous l’occasion d’élargir notre réflexion à partir de la clinique singulière de quelques collègues analystes travaillant avec des personnes sourdes, de montrer combien cette approche singulière vient nourrir la réflexion de l’analyste en séance tant cette pratique vient interroger des pans du fonctionnement de la psyché humaine, notamment l’ancrage très précoce dans un bain de langage - impossible en cas de surdité de naissance dans une famille entendante. Cette pratique ouvre sur des questions fondamentales venant interpeller le phonocentrisme de notre société nous amenant à passer à côté d’expressions langagières bien différentes, fondées sur une organisation syntaxique exploitant les possibilités visuo-spatiales du geste, mettant alors en valeur d’autres paramètres d’écoute offerts dans la rencontre analytique.
A l’origine, il est une rencontre entre une personne sourde et une personne entendante. Qu’est-ce qu’engendre cette confrontation. Comment ce travail peut amener le psychanalyste qui s’y risque à reconsidérer sa pratique, à enrichir sa compréhension du cadre, de l’interprétation, de la place de la langue dans notre dispositif…

La matinée, s’intéressant au passage d’une langue à l’autre, ouvrira sur un panorama du rapport que la société entretient avec les sourds de l’antiquité à nos jours, faisant état des représentations conscientes et inconscientes que le socius peut se faire de la surdité, des projections mortifères sous-jacentes : quelle place le travail analytique prend-il dans ce panorama ? Comment la Langue des Signes, investissant la sphère visuo-spatiale, est-elle liée de façon spécifique aux bases du langage et à sa générativité ? Enfin la question de l’engagement du corps sur la scène analytique par la pratique de la Langue des Signes sera mise au travail à partir de la pratique du psychodrame analytique en LSF.

Dans l’après-midi, nous élargirons notre champ en interrogeant le lien entre traduire et interpréter à partir de ce qu’on voit ou entend : Que se passe-t-il lors de la rencontre entre un signant et un oralisant ? Que traduit ce tiers interprète entre le signant et l’oralisant ?

Le point d’orgue de notre journée sera l’ouverture d’un dialogue avec Nurith Aviv, après la projection de son film, « Signer », œuvre se situant dans la continuité de sa recherche sur les langues, leur itinéraire, leur traduction, recherche qui l’a conduite à découvrir Les Langues des Signes, et nous a donné l’occasion de cette journée, nouvelle rencontre à l’entrecroisement de ses recherches et nos interrogations.