De Sartre à Huston : Freud, passions secrètes
Figurer l'inconscient De Sartre à Huston : Freud, passions secrètes
Renato Mezan, né en 1950 à Rio de Janeiro, est psychanalyste, docteur en philosophie et professeur de psychologie clinique à l'université catholique de Sâo Paulo (PUC). Salué par son érudition et sa clarté, son dernier ouvrage, O Tronco e os Ramos (2014), réunit une somme d'études d'histoire de la psychanalyse. Il dirige la revue psychanalytique Percurso, publiée par l'Institut Sedes Sapientiae, de Sâo Paulo, au Brésil.

Farouchement opposé au projet cinématographique des Mystères de l'âme que le cinéaste allemand G. W. Pabst s'apprêtait à tourner sur la psychanalyse, Sigmund Freud confiait à Karl Abraham, en 1925 : «Je ne tiens pas pour possible de donner de nos abstractions une présentation plastique un tant soit peu respectable. »

Un quart de siècle plus tard, en 1958, John Huston entreprend de raconter dans un film le processus qui a conduit Freud à inventer la psychanalyse et demande à Jean-Paul Sartre d'en écrire le scénario.

Or comment se fait-il qu'un célèbre réalisateur hollywoodien, ayant à son actif des oeuvres comme Le Faucon maltais, Le Trésor de la Sierra Madré ou Les Désaxés en vienne à formuler une telle demande à un philosophe français, qui plus est adversaire notoire de la psychanalyse ? En revenant sur cet épisode extravagant de l'histoire du cinéma, Renato Mezan souligne ici l'influence de ce projet sur la compréhension qu'eut Sartre de la psychanalyse, et examine la question de la figurabilité de la « chose psychanalytique », que Freud tenait pour impossible.