Comment la psychanalyse change une vie
La vie augmentée. Comment la psychanalyse change une vie

La vie augmentée

La réalité augmentée, c'est une réalité rendue plus riche, plus colorée, plus intéressante. Et s'il existait aussi une façon singulière d'augmenter sa vie, de la rendre moins douloureuse, plus heureuse et plus accomplie ?

Cette façon singulière, c'est la psychanalyse, avec son incomparable puissance de changement. Pratiquée comme une mise en mouvement, elle permet à chacun de sortir d'une position de souffrant, de choisir l'amour, de trouver un sens à sa vie, d'être fier de son existence et de vivre apaisé. Alors, on ne peut que constater la réalité de ses bienfaits, loin des clichés !

Dans cet essai lumineux, à partir de situations réelles qui parlent à chacun d'entre nous, la psychanalyste Sabine Callegari accompagne pas à pas le lecteur qui souhaite changer sa vie en lui ouvrant concrètement les voies de la libération. Parce que toute existence peut muter vers le mieux, la satisfaction et le sentiment de paix.

 ISBN 978-2-226-31670-7

19 € TTC

La vie augmentée, de Sabine Callegari

Ed. Albin Michel, 2017

 

Ce livre de Sabine Callegari, pourrait avoir comme sous-titre: "Au commencement fut la voix ". En effet au premier chapitre de son ouvrage l'auteur évoque l'inestimable soutien de la voix de ceux qui étaient restés sur terre pour les trois hommes d'Apollo XIII en perdition dans l'espace. Le dialogue ininterrompu avec la terre, provenant du  centre de commandement de la NASA les a sauvés magiquement tant sur le plan matériel que psychique.

Avec simplicité et authenticité, Sabine Callegari expose son travail d'analyste, son "désir de l'analyste" dans la conduite de son écoute et de ses interventions. Ceci a valeur de "passeur", sans vocabulaire technique excluant ainsi la langue de bois si courante dans cette discipline où chacun tend à copier un maître, surtout Freud et Lacan. L'auteur, une femme avec son expérience d'analyste, dit et développe plusieurs cas princeps qui vont intéresser le lecteur en quête de compréhension de ce qui se passe durant les entretiens. "Une interprétation n'est vraie que si le patient la ressent comme telle, car il n'y a de vérité que du Sujet, ce Sujet que le lecteur, averti ou non, et c'est cela qui est intéressant, découvre n'être que celui de  l'inconscient. Elle décrit également un certain nombre d'exemples de demandes, de circonstances d'entrées en analyse. Des personnes qui souffrent, cherchant un sens à leur vie, le sens de leur trajectoire, ce qui est l'objectif. La grande question du sens est de l'ordre du désir où se heurtent le "hors sens" ainsi que le "non sens".

Si la question "la vie a-t-elle un sens" est du ressort du religieux, la psychanalyse fait découvrir au sujet qui s'y engage que le sens qu'il peut lui donner est du ressort de son inconscient, là où réside son vrai désir. "Suis-je ajusté à la vérité de mon désir ?"."Est-ce que je réalise mes rêves ? Le lecteur y découvre que "Le bonheur en récompense, c'est la découverte de l'ordonnancement intérieur (du Sujet)". Elle cite St Exupéry : "Si tu veux comprendre le mot bonheur il faut l'entendre comme récompense et non comme but".

 -"Un tel secret de mon désir peut-il m'être délivré par la psychanalyse ? "

- "Ma vie n'a plus de sens, je n'ai donc aucun goût à la vie". Ce patient indique qu'il n'est pas ajusté à lui-même, même s'il affiche une parfaite maitrise de sa pensée. C'est l'ensemble de ces questions qu'évoque la pratique qu'elle décrit. Ce faisant, son ouvrage fera plus de bien à la psychanalyse que beaucoup d'autres engagés dans la pure technique ou la pure théorie. Le lecteur découvre ainsi que tout symptôme contient un refus salutaire, nombreux sont traités de dépression masquée par la médecine contemporaine qui utilise des antidépresseurs psychostimulants. Le rôle du psychanalyste consiste à éclairer la route que le patient dessine, il ne prescrit pas. On y découvre que la relation analytique permet au patient de découvrir derrière sa première demande, la vraie, celle de son désir. Parler du passé est nécessaire, car c'est le repenser et lui donner rétroactivement une signification nouvelle à la lumière du transfert. Rappelant Lacan (1960-61) : " Au commencement de la psychanalyse fut l'amour", l'auteur nous parle du transfert, dans les deux sens. La spécificité de cet amour, c'est qu'il n'est pas aliénant, différent des autres, son but est de transformer la chenille en papillon.

La névrose de transfert reproduit la névrose infantile marquée par les liens primordiaux de l'enfance. Le transfert, relation d'amour, opère à l'intérieur du psychisme, dont le psychanalyste s'attache à mettre à jour l'épure logique. Tel est le thème schématisé des premiers chapitres de cet ouvrage, qui s'appuie sur l'exemple de "Et Nietzsche a pleuré"  roman de Irvin Yalom paru en 2009, que lui avait offert un patient en fin de cure, qui lui montrait ainsi qu'il avait fait sien le savoir inconscient. La table des matières de cet ouvrage nous livre de manière très didactique, le but en détail des objectifs offerts au patient après "le moment pour comprendre", les prémices d'une nouvelle vie :

   - être fier de son existence

   - ne pas céder sur son désir

   - assumer l'acte

   - être le héros de son désir

   - aimer son inconscient

Pour enfin découvrir cette vie apaisée où l'angoisse est réduite à sa seule fonction d'alerte, perception qui sort le sujet d'un passé prétendu pathologique.

C'est enfin l'expression de la découverte du "Connais-toi-toi-même" des philosophes de la Grèce antique.

Donc rien de nouveau sur sous soleil des humains. Cet ouvrage a le mérite d'être simple et d'informer le grand public d'un sujet parfois mal connu et discrédité par beaucoup de médias, très agréable à lire, il offre dès les premiers chapitres espoir et réconfort à tous ceux qui pourraient être sur le seuil de l'analyse.

 

Pierre-Georges Despierre

24.11.2017