Les symptômes primaires de la schizophrénie suivi de Le corps et la psychose
Jean Oury (1924-2014) était psychiatre, médecin-directeur de la clinique de La Borde, qu'il a ouvert en 1953. Ce livre rassemble les deux ans du Cours de psychopatho-ogie à l'université de Paris-Vil (Jussieu, 1984-1986) et les deux conférences qui l'ont précédé (1976) exposant quarante années de tissages métapsychologiques pour soigner la personne du schizophrène.

Quand, d'outre-Atlantique, nous reviennent les onze symptômes de premier rang de Kurt Schneider sous forme de liste de onze définitions qui passent à la machine, cela donne le DSM-III. À tel point qu'on est capable, de plus en plus, de faire un diagnostic d'après la liste, en cochant les "plus", "moins", "zéro" d'un questionnaire... Cela ne coûte pas cher — mais alors là, c'est de la "science" : on n'en est plus à faire de la phénoménologie ou je ne sais quelle psychanalysette... On fait des scanners et on répond aux questions de l'Internationale nosographique...

Ceci pour aller non pas à contre-courant, mais pour
continuer une sorte de chemin, comme ça, un peu comme
les vendeurs de salades et de citrons qu'il y avait dans les
rues de Paris, avec une petite charrette que je continue de
pousser, où il y a des "symptômes primaires", soi-disant.
Bien sûr qu'il faut fouiller au fond : on ne les trouve pas,
comme ça, en surface! Alors, je me posais la question de
savoir de quel lieu, de quel belvédère, si je peux dire, à
partir de quoi on peut "voir" des symptômes primaires. Et
la réponse, il me semble, est qu'on aura beau chercher
des sites et des belvédères, explorer le monde entier... On
ne verra rien du tout. Autrement dit, cela ne se voit pas.
Et à la limite, cela ne s'entend pas non plus. Est-ce pour
autant une abstraction ?

Première édition. Texte établi et annoté par Sophie Legrain, présenté par Yannick Oury-Pulliero et préfacé par Pierre Delion.