Décès de François Roustang

 

Décès de François Roustang

 

Je découvre avec retard et une grande tristesse le décès en novembre dernier de mon ami et collègue François Roustang. Jésuite au cours de la première partie de sa vie, François Roustang avait quitté la congrégation, s’était marié et avait entamé avec Serge Leclaire une psychanalyse. Devenu lui-même analyste , il avait rapidement été admis à l’École Freudienne de Paris, École fondée par Jacques Lacan quelques années auparavant . Cette pratique institutionnelle au sein de l’Église Catholique lui avait permis de prendre rapidement conscience des blocages existants au sein de l’École Freudienne, des petites coteries qui s’y étaient constituées ainsi que de déplorer avec quelques-uns l’existence de la colonie des frères prêcheurs qui y ânonnaient Lacan et jouaient aux inquisiteurs. Son livre, que Lacan selon certains ne désapprouvait pas «  Un destin si funeste » fut une véritable bombe et mit un terme à son orientation psychanalytique.

 

Dès lors, c’est vers la pratique de l’hypnose qu’il s’était dirigé et nombreux furent les psychanalystes qui s‘empressèrent  de lui tourner le dos. Certes, l’hypnose est en quelque sorte, l’ancêtre de la psychanalyse et c’est en faisant rupture avec la pratique de l’hypnose que Freud « inventa » la psychanalyse. Cela ne doit pas nous faire oublier l’immensité de ce qui nous reste à découvrir concernant en particulier le fonctionnement de l’homme et de sa pensée. Faire l’impasse sur notre ignorance, se penser seuls détenteurs de la vérité c’est faire preuve d’une profonde suffisance et s’écarter radicalement de la démarche de Freud, toujours en quête, tout au long de sa vie, de ce que les autres disciplines étaient à même de lui apporter afin de nourrir ses avancées et sa réflexion.

Laurent Le Vaguerèse