Le nouveau film de Martin Scorsese, Silence, revisite des images bien connues, celles des films japonais de Mizoguchi, par exemple, celles des films de mission, et tout l’intérêt est de croiser des imaginaires pour repenser aussi bien les images et les représentations de la foi, que ce que le cinéma peut en montrer. Ce n’est pas une expérience différente de celle qu’un Tarentino proposait dans Django unchained, croisant les images du western et celles plus rares de l’esclavage, qui n’avaient jamais été rapprochées, et donnant à voir, soudain, une histoire totalement inédite, dans un espace ou un territoire qui ne s’y était pas encore prêté.

Nos imaginaires sont cloisonnés et cela fait du bien de repeupler tel ou tel arpent de notre réservoir à images, c’est-à-dire de notre pensée, de nos sensations et projections, de manière à les rendre plus complexes, hétérogènes, habités par des personnages dont nous n’avions jamais supposé la présence sur tel ou tel terrain. Imagine-t-on, par exemple, que ce bassin des Caraïbes qui abrite anses et vaisseaux, pirates, corsaires et Angéliques-marquises-des-Anges, est exactement le lieu de l’affrontement des puissances coloniales et de la traite des noirs aux XVIIème et XVIIIème siècles ?

 

Dominique Chancé

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