Frantz Kaltenbeck

Nous avons l’immense tristesse de vous faire part du décès de Franz Kaltenbeck, le 13 mars, à Kanazawa (Japon).

Franz Kaltenbeck est né en 1944 à Graz. Il a quitté l’Autriche lorsqu'il avait une vingtaine d'années pour fuir les pressions dont il était victime, comme membre de l’Actionnisme Viennois, un mouvement artistique influent en Europe, qui s’efforçait de briser l’omerta et le déni qui s’est imposé en Autriche sur la responsabilité de ce pays dans les crimes nazis (il a d’ailleurs publié le 15 janvier un article dans le journal Le Monde[1], s’alarmant du retour de l’extrême droite en Autriche, conséquence, à ses yeux, de ce déni).

Arrivé à Paris dans les années 70, il est devenu l’analysant et l’élève de Lacan, puis un psychanalyste publié dans de nombreuses revues françaises et internationales, partageant sa semaine entre Paris et Lille pour y recevoir ses patients avec une continuité que rien n’arrêtait. Il est intervenu régulièrement dans les prisons du Nord de la France, notamment dans la maison d'arrêt de Sequedin, et il animait depuis de nombreuses années un séminaire de criminologie très apprécié au CHRU de Lille.

Il était aussi un poète, publié en Allemagne. Il voyageait dans le monde entier, invité à participer à de grands colloques, entre autres à l’Université de NYU aux États-Unis, en Amérique du Sud et partout en Europe. C'est lors d'un voyage au Japon, où il était allé pour un séminaire à l’Université d’Aoyama Gakuin à Tokyo, qu'il est décédé brutalement d’une crise cardiaque à Kanazawa.

Travailleur infatigable et lecteur érudit de Freud, des Post-freudiens et de Lacan, mais aussi de la littérature, des arts et de la philosophie, il était le rédacteur en chef de la revue Savoirs et clinique (Erès) et l’un des fondateurs d’ALEPH (association pour l’étude de la psychanalyse et de son histoire) où il enseignait la psychanalyse. Il était l’actuel président du Collège des psychanalystes d’ALEPH.

Les personnes qui le connaissaient appréciaient son humour, sa générosité. Sa finesse, l’ouverture et en même temps la fermeté de sa pensée frappaient ses interlocuteurs : on ne s’ennuyait jamais avec lui.

 Son absence laisse un vide difficile à affronter pour tous ceux qui l’ont connu et aimé.

Nous pensons à son épouse, Geneviève Morel, à ses enfants, Iris et Jérôme, à sa famille, et aussi à ses analysants auxquels il tenait tant, à ses collègues et à ses étudiants à qui il a tant apporté.

Nous vous informerons ultérieurement de la date et du lieu de ses funérailles. 

 

 

 

[1] « Si l’Autriche avait assumé son passé, elle se serait engagée dans une autre voie »

LE MONDE | 15 janvier 2018

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