CONFITEOR de Jaume Cabre. Actes Sud 2013

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CONFITEOR de Jaume Cabre. Actes Sud 2013

Bien que dans ma jeunesse lointaine, les livres épais ne me rebutassent point, (j’ai beaucoup aimé et relu bien des fois les frères Karamazov), j’ai maintenant horreur des gros bouquins, et celui-là, qui fait presque huit cent pages m’avait d’abord rebuté par son poids dont déjà souffraient mes mains. Mais j’ai entendu mon libraire en faire grand éloge dans sa boutique de bon accueil. - C’est le meilleur roman étranger de l’année, disait-il.

Me voilà donc avec les 770 pages de « Confiteor ». Retraité et seul à la maison pour quelques jours, ce livre ne m’a pas lâché que je ne l’aie terminé.

Il grouille de monde, mais curieusement le lecteur ne s’y perd pas ; bien que les histoires de chacun et la grande Histoire, y soient contées par fragments et dans un désordre qui défie la chronologie, jamais je n’ai dû feuilleter les pages précédentes pour savoir qui est qui, car chaque personnage a une existence nécessaire et ne prête à confusion avec aucun autre.

L’ordonnance temporelle des chapitres paraît aléatoire, on enjambe les années, on revient en arrière sans que la nécessité en soit immédiatement apparente, on saute des années quinze cent à notre présent (Le narrateur est supposé un peu amnésique). Dans ce labyrinthe spatio-temporel on ne s’égare jamais, bien qu’on chemine d’Auschwitz à l’Afrique Noire et de la Serbie à l’Espagne.

Le suprême art de l’auteur fait qu’on ne décroche pas, car ces tours et ces détours qu’on dirait fortuits sous-tendent sans faiblir la progression de l’intrigue. On ne le sait pas consciemment, mais on est captif d’un très subtil arrangement.

Je n’ai pas le désir de vous conter cette histoire irracontable et pourtant solidement agencée autour de la dernière guerre mondiale et de ses tragédies. Je vous dirai seulement que c’est aussi une belle et difficile histoire d’amour.

Chacun peut se laisser enchanter par Jaume Cabre. Comme dans les frères Karamazov, chaque personnage, chaque chapitre, et même chaque désordre y contribuent.

Joseph Gazengel