Une bête sur la lune

Quand ?

La pièce de Richard Kalinoski Une bête sur la lune, se joue au théâtre de l'oeuvre jusqu'au 30 juin 2001.

Théâtre de l'oeuvre : 55 rue Clichy 75009 Paris.

Location : 01 44 53 88 88.

Le texte de Richard Kalinoski traduit par Daniel Loayza est édité par la revue " L'avant scène ", n° 1029, 1er mai 1998.

La pièce sera montée pour en faire un film - commandé par Arte. La date de programmation n'a pas encore été précisée.

Une bête sur la lune

La pièce de Richard Kalinoski Beast on the moon, vient de se voir distinguée et récompensée par la Quinzième Nuit des Molières. L'auteur, né dans le Wisconsin aux Etats-Unis, vit à Rochester dans l'état de New York. Etudiant à l'American Film Institute à Los Angeles, il obtient son diplôme en écriture dramatique à Carnegerie-Mellon University.

Il enseigne dans trois états différents dans des Publics Schools, avant de se voir confier la direction des Etudes anglaises au Nazareth College de Rochester. En 1992, il reçoit le prix du Massachussetts et en 1993 celui de la Caroline du Sud pour l'écriture dramatique.

Ecrite deux ans plus tard, Beast on the Moon est classée " l'une des dix meilleures productions de l'année par le Philadelphia Inquirer " ; Saluée par le public et la critique, Beast on the Moon a été présentée dans plusieurs états des Etats-Unis ; elle est montée par d'autres productions au Canada en Europe et à Moscou.

Irina Brook récompensée par le Jury des Molières pour la meilleure mise en scène, a travaillé depuis 1986 en Angleterre où elle a joué dans de nombreuses productions, au théâtre, au cinéma et à la télévision. Elle choisit de monter Une bête sur lune pour sa première adaptation, qu'elle a présentée au Théâtre BAC à Londres.

Elle réussit à mettre en scène dans un équilibre à la fois tragique et comique la chronique bouleversante d'un couple d'immigrés arméniens dans laquelle nous pouvons repérer certains mécanismes psychiques de survie qui résultent du déni de leur histoire collective.

Pour écrire cette pièce, l'auteur s'est inspiré du témoignage de la famille de sa femme, elle-même d'origine arménienne.

Les personnages qu'il met en scène : Séta et Aram Tomassian sont l'archétype des couples de rescapés du génocide arménien perpétré en 1915, par le mouvement Jeunes Turcs " Union et Progrès ". En effet, ils sont confrontés à l'extrême difficulté de préserver leurs identités enclavées dans le déni de la réalité de ce qu'ils ont vécu, déni qui ne cesse de se perpétuer chez les descendants. Les questions identitaires et de l'intégration relatives à cette pièce relèvent d'une actualité à laquelle bien des peuples peuvent se reconnaître.

Les acteurs, Corinne Jaber (Séta) et Simon Abrakian (Aram), consacrés tous deux meilleurs comédiens, font vivre un texte particulièrement juste dans l'expression de sentiments violents et contenus qui habitent leur personnage. L'attente, l'espoir mais aussi la déception sont exprimés avec émotion et finesse. Les rires des spectateurs, de par certaines répliques pleines d'humour se mêlent sans inconvenance à la tragédie de la vie de ce couple, enfouie dans une douleur sourde mais qui toutefois ne dissipe pas leur volonté opiniâtre de continuer à vivre. " Il faut savoir cacher ses larmes, garder la face, ?taire ses cris de haine 1 ". En effet, le drame de ce couple est exemplaire dans le fait que la plainte n'a pas de place.

Séta et Aram Tomassian sont des survivants de ce génocide. Tous les deux sont orphelins. Les questions que suscite la pièce de Richard Kalinoski sont exemplaires concernant la problématique des victimes et de leurs descendants. Le processus génocidaire est un projet meurtrier qui anéanti les fondements de la transmission. Avant de développer l'analyse de la pièce, il m'a semblé intéressant de mentionner brièvement les aspects historique et juridique qu'elle soulève, afin de mieux comprendre les effets destructurants que le déni de la réalité d'un tel drame opère sur le psychisme des rescapés.

Puis, j'essayerai de montrer en quoi les Tomassian représentent le paradigme d'un couple victime du génocide arménien en ce qui constitue, d'après moi, l'aspect des mécanismes psychiques des plus oblitérants, à savoir que la mort n'est pas pensable autrement que comme étant l'issue d'un meurtre.

Comment continuer à vivre quand les morts sont restés sans sépultures 

Comment des parents peuvent à leur tour investir leurs enfants quand ils sont pris dans un héritage où les scènes de viols, les corps assoiffés, les têtes tranchées, envahissent leur vie psychique, ne laissant plus de place aux fondements de la vie 

Comment les hommes peuvent-ils être garants de lois interdictrices, quand eux-mêmes ont été victimes d'un crime impuni 

" Ils ont interdit le chant parce que le chant pénètre l'âme.
Ils ont interdit les routes parce que les routes mènent vers les hommes et non vers Dieu.
Ils ont interdit les oiseaux parce que les oiseaux coupent le chemin des prières.
Ils ont interdit les arbres parce que les arbres sont trop attachés à la terre.
Ils ont interdit la caresse parce que la caresse se prosterne devant le corps.
Ils ont interdit la femme parce que la femme est un complot tramé par la vie ".

- Mohamed Kacimi

LES FAITS DE L'HISTOIRE ET LES ASPECTS JURIDIQUES

Développement historique :

L'Arménie s'étend sur un territoire situé entre l'Anatolie et le plateau iranien. Le peuple arménien se réalisant par sa culture depuis des millénaires, par sa langue d'origine indo-européenne et sa religion chrétienne adoptée au IVe siècle, a parcouru l'histoire malgré des périodes de luttes et de partage entre les Byzantins et les Turcs. Le dernier royaume sur les terres historiques fut celui de Cilicie qui prit fin au XIV ème siècle. Ce n'est qu'en 1918, que l'Arménie retrouvera une structure étatique indépendante mais de courte durée puisque le Traité de Sèvres de 1920 ne sera jamais appliqué. Devenue l'une des quinze républiques de l'ex-union soviétique, l'Arménie sortira de la fédération soviétique pour se proclamer nation indépendante en 1989.

Au début du XIX ème siècle, les Arméniens étaient dispersés entre la Russie et l'Empire ottoman. Ce dernier exerçait sa domination sur de nombreuses minorités chrétiennes, mais tant que le sultanat se sentait fort, les chrétiens vivaient dans une relative sécurité en contrepartie d'un statut d'infériorité et d'exactions répétées. En 1821, la Grèce déclare son indépendance, cette date marquera le début du démembrement de l'Empire ottoman. Celui-ci devint un rempart entre les prétentions territoriales de l'Empire soviétique et les Puissances européennes. Le sultanat ne devait sa survie qu'à la rivalité entre les grandes puissances des pays européens. C'est dans ce contexte géopolitique que le problème des minorités et notamment la question arménienne va prendre de l'ampleur.

La Turquie représentait une véritable mosaïque de populations chrétiennes : grecques, slaves, syriaques, arméniennes et musulmanes : turcs, kurdes, arabes. Elle lancera sa répression contre les Arméniens ; 1894 marquera une première étape au début du projet génocidaire. Le sultan Abdul-Hamid décrétait l'élimination totale des Arméniens de l'Empire ottoman. Entre 1894 et 1896, 300 000 Arméniens ont péri dans ces massacres. Le processus génocidaire était déclenché, appuyé par le silence des grandes puissances, ce qui encourageait le sultan rouge a progresser dans sa détermination.

Mais le régime instable et corrompu du sultan ne lui a pas permis de mener son ambition à son terme. La perte de ses provinces balkaniques incitait la Turquie à se tourner vers ses origines, la doctrine du panturquisme était née. Elle considérait la race turque comme supérieure, les autres peuples devaient être soit expulsés soit exterminés. En avril 1909, Adana fut le siège d'un second massacre organisé : Plus de 30 000 victimes furent l'objet de cette nouvelle vague de tuerie. Paradoxalement cet événement se déroulait à une période où le Comité Union et Progrès reléguant le sultan à un rôle symbolique, développa des idées démocratiques reposant sur des principes de laïcité. Les Arméniens n'y virent qu'une résurgence passagère du régime traditionaliste d'alors. Les Jeunes turcs, dirigeants du Comité Union et Progrès profitaient de ce que la Première Guerre Mondiale fut déclarée pour en finir radicalement avec leurs ennemis intérieurs (les Arméniens et d'autres minorités chrétiennes) sans être gênés par d'éventuelles interventions diplomatiques extérieures. Il y avait à cette époque 2 millions d'Arméniens dans l'Empire ottoman et 1,5 millions en Russie.

En septembre 1914, le ministre de l'Intérieur Talaat demande aux autorités provinciales de garder sous surveillance les dirigeants politiques et communautaires arméniens. Lorsque la Turquie entre en guerre au côté de l'Allemagne, elle prend des mesures d'urgence qui privent la population arménienne de ses biens. Les réquisitions et les exactions atteignent leur paroxysme, lorsque le 24 avril 1915, des milliers d'intellectuels et notables arméniens sont arrêtés puis exécutés. Dans un mémorandum en date du 26 mai 1915 le ministre de l'Intérieur demande au Grand Vizir la promulgation d'urgence d'une " Loi provisoire de déportation " dès le 27 mai2. Elle entraîna des déportations massives des populations arméniennes. Les routes que les déportés empruntaient, étaient programmées. Les Arméniens étaient envoyés depuis Alep jusque dans les déserts de Syrie ou de Mésopotamie.

1 500 000 Arméniens furent anéantis. En trois mois " l'affaire " était pratiquement réglée. En 1915, dans l'empire ottoman, les corps des Arméniens s'entassaient le long des routes, peuplaient les déserts de Syrie ou partaient à la dérive dans les eaux de l'Euphrate.

La détermination de cette entreprise génocidaire menée par Taalat, Envers, ministre de la guerre et Djemal, ministre de la Marine fut énoncée dans une déclaration célèbre du premier. Le 15 septembre 1915, Taalat déclarait sans hésiter : "  Il a été précédemment communiqué que le gouvernement a décidé d'exterminer entièrement les Arméniens habitant en Turquie?Sans égards pour les femmes, les enfants, les infirmes, quelque tragique que puissent être les moyens d'extermination, sans écouter les sentiments de la conscience il faut mettre fin à leur existence ". Cette déclaration tristement célèbre n'est pas restée sans écho puisque le 22 août 1929, Hitler déclarait : " Notre force doit résider dans notre rapidité et notre brutalité. J'ai donné l'ordre à des unités spéciales de S.S. de se rendre sur le front polonais et de tuer sans pitié, hommes femmes et enfants. Qui parle encore aujourd'hui de l'extermination des Arméniens  "

Les récits des survivants ne sont apparus que des années après3. Quant aux preuves et elles sont accablantes, les gouvernements turcs successifs ont ?uvré pour les détruire majoritairement. En revanche, les archives allemandes et américaines sont nombreuses et relatent entre autres les témoignages de plusieurs témoins oculaires comme le Pasteur allemand Johannes Lepsius, l'Ambassadeur des Etats-Unis Henri Morgenthau, le Consul américain Leslie A. Davis pour n'en mentionner qu'une infime minorité. Depuis 86 ans, les gouvernements turcs qui se sont succédés, maintiennent le déni sur cette réalité historique et perpétuent leurs man?uvres négationnistes sur le génocide des Arméniens.

Définition du génocide dans le droit français.

La réforme du code pénal mentionne dans le livre II ème intitulé " Des crimes et délits contre les personnes " l'article 211-1 " Du génocide " qui figure au chapitre 1er, s'intitulant " Des crimes contre l'humanité ". Cet article, en date du 22 mai 1996, s'aligne sur la résolution 955 du Conseil de sécurité des Nations unies, instituant un tribunal international en vue de juger des personnes présumées responsables d'actes de génocide et d'autres violations graves du droit international.

Constitue un génocide le fait, en exécution d'un plan concerté tendant à la destruction totale ou partielle d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux ou d'un groupe déterminé à partir de tout autre critère arbitraire, de commettre ou de faire commettre à l'encontre de membres de ce groupe, l'un des actes suivants :

  • atteinte volontaire à la vie
  • atteinte grave à l'intégrité physique
  • soumission à des conditions d'existence de nature à entraîner la destruction totale ou partielle du groupe
  • mesure visant à entraver les naissances
  • transfert forcé d'enfants

Le droit français fait la distinction entre le génocide et le crime contre l'humanité. Pour le législateur, le génocide atteint un groupe de sujets tandis que le crime contre l'humanité vise un sujet. Cette dernière n'implique pas une idéologie concrétisée par un plan concerté. Alors que le génocide implique l'application d'un projet prémédité. L'un comme l'autre est puni de la même peine, soit la réclusion à perpétuité.

UN ETONNANT PORTRAIT DE FAMILLE

L'histoire se déroule en 1921 aux Etats-Unis dans le Wisconsin. Le spectateur découvre un intérieur sobre, des meubles, une table rustique et quelques chaises. Un appareil photo à soufflet sur un trépied et quelques accessoires sont disposés dans un coin de la pièce. Près de la porte d'entrée trône un vieux chevalet où repose une grande photo usée et jaunie, entourée d'un cadre en bois. Celle ci représente une famille arménienne. Y figurent, le père, la mère, deux adolescents et une petite fille. Les têtes sont découpées, laissant des trous béants. Seule l'une d'entres elles subsiste à la place de celle du père : la tête du fils cadet, Aram Tomassian âgé de 19 ans.

A la première scène, deux personnages font leur entrée. Monsieur Tomassian (Aram) reçoit à son domicile pour la première fois sa jeune épouse Séta venant d'Istanbul. Il y a trois mois, ils se sont mariés par procuration, sur simple échange d'une photo et d'une lettre. Cette première rencontre dévoile un malentendu. Aram découvre que Séta n'est pas la jeune fille de la photo que la mission lui a adressée, avant que les deux parties concluent un arrangement financier (Aram a versé quelques pots de vins à la mission et au service d'immigration). La photo est celle d'une jeune femme de l'orphelinat, morte neuf mois auparavant. Aram est irrité d'avoir été ainsi floué, " tout cela pour une morte "!

Sa colère dissipée, il se poste derrière son appareil photo et ordonne à Séta de prendre la pose pour immortaliser ce grand jour. Elle tente de résister et remarque, stupéfaite, que c'est le visage d'Aram qui remplace celui de son père sur le portrait de famille.

Le spectateur tout autant effaré que Séta, comprend qu'inconsciemment Aram s'assigne ainsi qu'à sa femme une place de mort. C'est cette transposition étrange qui suscite mon intérêt et qui nous amène à nous demander de quels processus relèvent les mécanismes psychiques qui ont pour effet un tel agissement 

COMMENT VIVRE SANS POUVOIR RECONNAITRE SES MORTS 

Que reste-t-il à ce jeune homme, à cette jeune femme qui ont échappé aux massacres ? Une photo, un manteau, une poupée. Des objets réels et familiers, qui évoquent le souvenir d'expériences affectives auxquels ils s'accrochent comme pour s'assurer qu'ils sont bien vivants. Revenir des ténèbres est un véritable miracle, eux-mêmes n'en reviennent toujours pas mais en sont-ils vraiment revenus ? Ils sont en proie à des sentiments de culpabilité qui ne les quitte pas, ressassant cette question lancinante : " Pourquoi sommes-nous en vie alors que nos proches ont disparu ? ".

Car en effet, c'est bien de disparitions dont il s'agit dans tout projet génocidaire. Disparition et non pas mort même si morts il y a.

Le projet génocidaire est un meurtre organisé destiné à détruire un groupe humain. Il recèle un indice particulier, celui de laisser les morts sans sépulture. L'histoire du XX ème siècle témoigne de ce fait, qu'il s'agisse du génocide des juifs, plus récemment de celui des Tutsis au Rwanda en septembre 1994. Ce ne sont que des hordes de cadavres laissés sur place, des charniers découverts quelques mois après les crimes où les corps mal ensevelis apparaissent sous un sol défriché.

L'extermination du peuple arménien relevait de la part du gouvernement Jeunes Turcs d'une volonté délibérée d'effacer toute trace de leur passage sur cette terre, niant le fait que ce peuple a vécu durant des millénaires doté d'une culture, d'une langue et d'une religion. En Turquie, aucun cimetière, aucune stèle n'a vu le jour pour symboliser la mort des victimes. Par conséquent, la trace de leurs existences passées n'étant inscrite nulle part, rend leur mort non-advenue comme si les Arméniens exterminés n'étaient pas morts.

Le gouvernement Jeune Turc leurs a attribué une place de morts-vivants et tué la mort dans son essence même, comme garante d'une entité symbolique.

Le génocide est une méthode d'exécution qui procède d'une négation de la mort. Ces morts laissés sans sépulture ont pour effet chez les survivants et leurs descendants d'une destructuration de leur subjectivité du temps vécu.

La temporalité est l'indice premier de l'existence d'un sujet. La vie et la mort qui sont deux réalités bien distinctes de l'axe du temps, viennent violemment se télescoper dans la psyché des héritiers du génocide. Ce télescopage entraîne un état de confusion opaque et omnipotent qui prive la pensée de toute représentation d'un à-venir ; il n'y a pas de futur possible.

En effet, comment peut-on se représenter le futur lorsque le passé et la mort ne sont pas pensables comme deux entités réelles différentes qui suivent la ligne du temps ?

Dans ce schéma de représentations, la vie et la mort se confondent et par conséquent elles s'annulent.

Une sépulture est un repère spatial puisqu'elle marque en un lieu déterminé, l'existence passée d'un sujet. Elle est aussi un repère temporel du fait que les dates de naissance et de mort du défunt y sont inscrites. Si les hommes ont choisi d'enterrer leurs morts, c'est parce que cet acte symbolique a pour fonction de poser des limites et de créer des ouvertures qui ordonnent les générations et d'inscrire symboliquement l'existence des siens.

Dans un article intitulé " Le sperme et le sang ", Françoise Héritier-Augé rapporte que dans les civilisations sumériennes et égyptiennes, la conservation intégrale des ossements des ancêtres garantit la liaison entre les vivants et les morts. " Les morts non enterrés deviennent des spectres errants incapables de rejoindre dans l'En-bas les esprits de leur groupe familial 4 ".

Le souverain Assumbanipal obligeait les fils vaincus des ennemis morts à piler dans un mortier les ossements déterrés de leurs pères. Par ce châtiment post mortem, il contraignait les fils à se couper eux-mêmes de leurs racines. Ainsi, détruisant les fondements de leur lignée, ils s'anéantissent.

Dans un autre texte qui introduit la question de la parenté, de la filiation et de la transmission, l'auteur relate qu'en Chine, on enterrait ses morts au sommet des collines dans des lieux d'une grande beauté afin que " le souffle émanant des ossements vienne sans peine féconder les descendants 5 ".

UN TEMPS SUSPENDU

Comment peut-on exister à son tour quand la mémoire de ses ascendants est falsifiée et effacée ? Le projet génocidaire n'est qu'une succession de déliaisons en masse, qui rompt définitivement la chaîne de transmission.

Nous avons à faire à un effet psychotisant où la subjectivité du temps vécu ne progresse pas sur l'axe linéaire du temps mais évolue selon une trajectoire circulaire.

La perspective que Piera Aulagnier a développée sur la question de la temporalité m'intéresse ici tout particulièrement. Dans " l'Apprenti historien et le Maître sorcier ", elle rapporte les propos d'un de ses patients psychotiques -Philippe- qui ne parvient pas à élaborer une relation à la temporalité. C'est ainsi que Philippe confie : " Le temps est un faux mouvement, on croit qu'il bouge, mais ce n'est pas vrai. Je vous l'ai déjà dit, pour moi le temps est circulaire. Je ne peux pas faire une différence entre le passé et le futur. Je ne peux pas plus faire une différence entre la vie et la mort. Je ne comprends rien à toutes ces dualités : passé / présent, vie / mort, homme / femme?S'il y a quelque chose de différent de la vie, ce n'est pas la mort, mais autre chose, je ne sais pas quoi 6 ".

Cette mise en rapport du sujet à la question du temps, suppose la présence d'un projet identificatoire et d'une histoire sur son passé infantile ; ce qui implique qu'au préalable, le temps passé ne soit pas pensé comme un temps disparu. Seul le temps repris dans une ré-interprétation de son histoire vécue, comme il peut l'être dans l'analyse, peut se conserver. De sorte que les expériences du passé sont mobilisées, transformées et peuvent s'ancrer vivantes dans le présent 7.

Un autre préalable doit être requis : que le sujet soit reconnu comme un individu à part entière, qu'il soit investi pour lui-même. C'est pourquoi je pense qu'il est impossible de reprendre un héritage commun et de le faire progresser dans une filiation à partir d'une place qui n'est pas la sienne.

Mais quand un sujet incarne la place d'un mort, il se situe dans une impasse qui l'empêche d'accéder à toute conflictualité oedipienne structurante. En plaçant sa photo à la place du visage de son père, Aram ne se reconnaît pas comme étant le fils de mais comme sujet devant remplacer son père mort. En ce lieu, l'errance dans une aire incestueuse est garantie.

Considérons la famille comme un puzzle où chaque membre est l'une des pièces distinctes de cet assemblage composite. Lorsque les pièces du puzzle sont interchangeables, on assiste à l'organisation d'une structure perverse.

Ne pouvoir parler en son nom propre, mais parler au nom de ses morts, interdit Aram de s'approprier la réalité de son histoire, dénoncer ce qui relève de l'interdit et de pouvoir réclamer des comptes. Pour lui, accéder à une temporalité qui lui soit propre et inscrire la mort dans un registre symbolique, signifierait sortir d'un temps suspendu, telle l'éternité d'un deuil impossible.

C'est un double meurtre qui s'exerce ainsi sur les survivants et les héritiers du génocide. Prostrés dans un état de sidération, puisque ce meurtre dénié les empêche de se déprendre des scènes traumatiques vécues ou transmises. La vie est réduite à la souffrance du passé, confinée dans le registre du besoin et déliée du champ du désir.

DES CORPS, GARDIENS DU CIMETIERE

Dans son ouvrage intitulé " Génocide et Transmission ", Hélène Piralian, examine la destruction des fondements de la transmission qui s'opère dans tout projet génocidaire. Elle soutient entre autres, l'hypothèse suivante : Les héritiers du génocide, faute de pouvoir inscrire symboliquement leurs morts, les gardent en eux en les incorporant pour les empêcher de disparaître 8.

Leur mort est ainsi gardée mais non intégrée, seulement mise en suspens. Car accepter cette mort déniée reviendrait à ratifier l'effacement d'une partie de l'histoire des Arméniens.

C'est ce qui conduit les héritiers à s'offrir comme tombeaux des défunts. Leurs morts sont enclavés dans leurs corps, la seule façon de se souvenir des siens de façon vivante.

C'est à ce niveau que la violence se situe. Nicolas Abraham qui a décrit précisément la question du deuil pathologique et développé les notions d'encryptement, d'introjection et d'incorporation, a développé dans le passage intitulé " Deuil et mélancolie " l'idée qui suit : "le moi va fusionner avec l'objet inclus qu'il imagine esseulé de lui et va commencer au grand jour un "deuil" interminable. Il va colporter sa tristesse, sa plaie béante, sa culpabilité universelle. Mettre en scène le deuil que le sujet prête à l'objet l'ayant perdu, n'est ce pas la seule manière qui lui reste encore de revivre 9 ".

Les héritiers du génocide ont leur pensée sidérée à chaque fois que la mort fait retour dans le réel réactivant les évènements de leur histoire collective. A la fois dans leur réalité extérieure, chaque fois qu'ils seront confrontés à la perte et dans leur espace psychique interne, ce lieu peuplé de fantômes.

Ce qui les frappe c'est cette chose innommable, irreprésentable, qui s'impose à eux. Penser la mort, c'est la considérer comme l'objet d'une transgression, d'une représentation interdite. Pour eux, il n'est pas envisageable de mourir d'une autre mort ( d'un dysfonctionnement organique par exemple) que d'une mort consécutive à un meurtre impuni.

UN ESPACE POUR Y DEPOSER LES MORTS

Le recours à une instance tierce garante de la loi, étrangère à ce passé, peut permettre d'instaurer un espace afin d'y déposer les morts. Et plus encore, dans la mesure où ce tiers, élément séparateur offre la potentialité à la victime, au tortionnaire de sortir de la dualité mortifère : victime / bourreau dans laquelle ils sont prisonniers.

La parole se pose comme écart possible pour permettre une distance entre les fantasmes mortifères qui envahissent la psyché des héritiers et leurs réalités extérieures.

Dans la pièce de Richard Kalinoski, Aram s'enferme dans des mécanismes de défenses rigides. Il se montre autoritaire voire persécuteur vis à vis de son épouse qui se défend tant bien que mal de cette soumission. Il se réfugie dans une économie de mots qui traduit non seulement une souffrance indélébile mais une mémoire enfouie. Il libère quelques phrases pour seulement énoncer les préceptes de la Bible et définit les rôles que doivent tenir "un bon mari" et "une bonne épouse", ce qui sous-tend la question de leur propre sexualité.

LE SACRIFICE DE SOI COMME REPONSE AU DENI

Aram ne vit pas dans une relation de plaisir avec Séta. Il déclame le culte du respect, se réfugie dans diverses satisfactions matérielles.

Il est sourd à toute émotion que sa femme peut exprimer. Jusqu'au jour où Séta ne supportant plus la vue de ce portrait, tel un tombeau trônant dans la pièce, cloue sa poupée sur le chevalet dans un élan provocant et désespéré mais qui dénonce du même coup la violence qu'Aram enferme en lui.

Sur cet autel du sacrifice, Séta se compte désormais parmi les morts-vivants, telles les têtes tranchées du portrait de famille qui ne sont pas s'en rappeler les méthodes barbares que pratiquaient les Turcs. Le geste de Séta comme celui d'Aram exprime dans le réel, un meurtre symbolique qui se perpétue, faute que la mort soit inscrite symboliquement dans leur pensée.

Un des effets du génocide transmis aux survivants jusqu'aux générations futures peut aussi se réaliser lors de passages à l'acte meurtrier. C'est dans cette indifférenciation : tuer ou se faire tuer que les terroristes de l'Armée Révolutionnaire Arménienne se sont distingués le 27 juillet 1983 lors de la prise d'otage qu'ils ont fomenté à l'Ambassade de Turquie à Lisbonne. Posant un ultimatum au gouvernement turc afin qu'il reconnaisse le génocide des Arméniens, les terroristes n'ayant pas obtenu satisfaction, ont amorcé une bombe et péri dans l'explosion. Ils se sont sacrifiés tout comme les Turcs ont immolé leurs ancêtres.

L'AMOUR EN EXIL

C'est une incapacité à s'aimer soi-même qui est transmise aux héritiers. Comment peut-on offrir ce que l'on n'a pas reçu 

Les héritiers éprouvent de la haine envers les persécuteurs, car les gouvernements turcs successifs n'ont pas jusqu'à ce jour reconnu les faits et donc accepté la moindre culpabilité. Le déni repousse cette haine légitime. Celle ci est vécue comme étant illicite et elle se retourne sur les victimes elles-mêmes qui deviennent son seul objet.

La haine de soi que les héritiers entretiennent n'est pas élaborée, ni transformée ; elle ne peut être expulsée hors de soi. Celle ci est inexprimable et demeure figée.

Ceci se comprend du fait que le sujet introjecte les traits de la personnalité du bourreau10. Ce processus relève d'un mécanisme de défense, visant à faire disparaître l'agression en tant que réalité extérieure, par conséquent à la geler. Ainsi il maintient en son sein, les éléments effractants antérieurs, mais à quel prix !

Pour aimer de nouveau, il convient de sortir des effets aveuglants que suscitent les images de la terreur. Certains héritiers du génocide sont si conscients de l'impasse dans laquelle ils se trouvent, qu'ils s'interdiront à leur tour d'être parent. C'est ainsi que certaines femmes pressentent le risque qu'elles encourent et qu'elles feront encourir à leur enfant si elles devenaient mères. L'existence de leur enfant réactivera leur passé douloureux. Cet enfant aura comme injonction de réparer, de surprotéger. A l'inverse, il pourra haïr du fait d'une souffrance qu'on va lui imposer ou encore d'une souffrance qui sera ignorée traduisant la surdité parentale.

Il n'est pas impossible que Séta soit prise dans cette problématique, qu'elle ne manque pas de crier son tourment aux oreilles sourdes d'un mari qui s'obstine à vouloir remplir " ces trous ". Ne parvenant pas à avoir des enfants, et rendant de ce fait Aram profondément malheureux, la seule ouverture sur le monde que ce couple va pouvoir instaurer, se fera par l'adoption d'un jeune italien.

Comment investir des enfants pour ce qu'ils sont eux-mêmes, autrement que comme les témoins vivants de leur destin miraculeux  Les descendants viennent souvent colmater la dépression profonde d'une mère, d'un père, plongés dans les abysses de la mélancolie. Comment ces parents peuvent-ils vivre dans un rapport de plaisir, le corps et la psyché de leur enfant, quand eux-mêmes ont vu leur identité meurtrie ?

Comment élaborer des objets qui seront dotés d'un sens libidinal, comment les éprouver, les manifester dans les échanges avec l'enfant   La rêverie, les rires, les caresses, le confort, le plaisir de penser, autant d'offres qui inaugurent un espace potentiel mais qui demeurent silencieuses.

Piera Aulagnier énonçait dans un article intitulé " Naissance d'un corps, origine d'une histoire " dans une note en bas de page les propos suivants : " je pense que l'éprouvé chez la mère d'un plaisir psychique avec ses composantes érotisées est nécessaire pour que l'infans puisse ressentir pleinement ses propres expériences de plaisir 11 ".

Ce qui vient faire obstruction à cette capacité d'aimer, à érotiser les jeux, à désirer pour son propre compte, c'est le retour perpétuel des fantômes qui occupent la psyché des parents.

Les pères sont réduits à de simples géniteurs privés de leur fonction symbolique puisque non reconnus comme étant victimes eux-mêmes d'un crime impuni. Certains se trouvent dans l'incapacité de poser des interdits. C'est en ces termes que Janine Altounian analyse cet effet du traumatisme lorsqu'elle écrit dans son dernier ouvrage " La survivance " : " Ce dont hérite un descendant qui n'est pas investi pour lui-même mais justement en tant que non à la vie, c'est un non au néant qui ne se transforme pas pour autant en oui à la vie. En effet, le message paradoxal et tragique qui ne peut se verbaliser entre la mère et l'enfant, l'environnement et l'enfant de cette histoire, c'est quelque chose comme sa propre négation : " je te transmets une vie sans repères symboliques  12 ".

En découpant les têtes de sa famille, Aram a transgressé symboliquement l'interdit du meurtre. Séta dénonce cette transgression et le verrouillage de toute parole que son mari exerce sur sa propre histoire.

Suite à un conflit, Aram sort enfin de ses retranchements ; Il évoque sa profession de photographe, le respect qu'il porte à ses clients, lui qui s'efforce de leur donner une belle image de leurs enfants. Il s'adresse à Séta : " Ça t'arrive de penser à moi tous les jours en train de regarder des familles que je n'ai pas  Dis moi, Madame Tomassian, ça t'arrive  ".

Séta (posément) : " Non ". Aram (regardant le portrait) : " Donc voilà mon espoir. Mon espoir est dans une image ".

Aram poursuit en racontant que les trous qu'il a découpés était pour lui la seule façon d'espérer. Pour la première fois, il raconte comment sa famille a été massacrée, et la façon dont il a échappé à cette barbarie. Une fois arrivé en Amérique, il s'équipe d'un appareil photo pour exercer le même métier que son père.

Aram : " Une fois j'ai passé une nuit tout seul à tirer une nouvelle photo de famille et j'ai pleuré en les voyant?revenir vivants dans le révélateur, vivants, Séta "? " j'étais seul, j'ai regardé l'image qui revenait dans le révélateur, vivante, et j'ai pris un couteau ? j'ai découpé les têtes de ma famille. Je pensais que je pouvais les remplacer ". " J'ai vraiment pensé que ça se passerait comme ça. (Il serre le portrait contre lui). J'ai pensé?une femme ?des enfants?et puis que j'oublierai. Complètement. Mais je n'oublie pas jamais. Jamais ".

UNE RECONSTRUCTION MANQUEE DE LA MEMOIRE

Ce récit d'Aram rend compte de la façon dont les survivants et leurs héritiers peuvent s'accrocher désespérément à des images qui témoignent d'un passé perdu. Par cette tentative de réanimation, Aram a cru qu'il parviendrait à faire revivre ses morts.

Cette nécessité d'inscrire les traces du passé, de faire taire l'oubli parfois si bruyant, est une démarche vitale qui correspond à un processus visant à lutter contre le déni de soi et de son histoire collective. Nous avons vu au travers du prisme de cette pièce en quoi cette entreprise est vouée à l'échec, faute de tiers possible.

D'une pièce à un film : " Family Viewing " d'Atom Egoyan : le cas d'un passé perverti.

A travers un autre cas, je vais montrer que certains sujets entretiennent un rapport étrange avec l'inscription du passé, étouffant leur histoire dans un procédé inverse de celui d'Aram. Je prendrais pour exemple un film d'Atom Egoyan réalisé en 1987 : " Family Viewing ". Je précise que ce cinéaste né au Caire de parents arméniens, artistes peintres, appartient à la troisième génération des descendants rescapés du génocide. Sa famille s'est installée sur l'Ile Victoria, sur la côte Ouest du Canada, puis s'est déplacée à Toronto.

Le film relate la destruction et la renaissance d'une famille disloquée. Van, un jeune homme d'origine arménienne, va rendre visite à sa grand-mère, placée par sa famille dans un hospice. Il voudrait la ramener à la maison contre la volonté de son père avec lequel il entretient des relations difficiles.

C'est en écoutant les récits de sa grand-mère qu'il va reconstruire une partie de l'histoire familiale. A l'évocation des souvenirs que sa grand-mère rapporte, Van décide de rechercher des images de son enfance que son père a tournées à l'aide d'une caméra vidéo. Il visionne ces enregistrements et revoit défiler différents moments où sa mère jouait avec ses enfants. D'autres plans, montrent des séquences de la grand-mère dans son âge mûr.

La bande défile et soudain l'image et le son se brouillent. Brutalement, Van voit apparaître des images pornographiques. Son père avait enregistré sur plusieurs bandes vidéo, les scènes de ses amours clandestines qui se déroulaient dans la propre maison.

C'est une succession de fragmentations continues, de temps enchevêtrés que Van découvre, où viennent se superposer, parfois se scinder, le temps de la vie qui se déploie dans ces instants de la fraîcheur de l'enfance, et le temps de l'adultère qui disqualifie le bonheur familial écoulé.

L'écran devient alors un champ de bataille où se confondent la mémoire et la pornographie domestique.

La perversion vient ratifier une part du passé de Van et pérennise ainsi la solution finale des exterminateurs. Ces surimpressions sont une véritable mise en abîme d'une partie de l'histoire familiale.

A l'instar du portrait de famille d' " Une bête sur la lune ", ces bandes vidéo qui portaient les empreintes de la vie, sont ensevelies par les scènes inconvenantes de la pornographie. La confusion entre les deux temps-séquences de la vidéo a pour effet que l'observateur est à certains moments, dans l'impossibilité de distinguer ce qui relève de la pulsion de vie de ce qui traduit la pulsion de mort. De nouveau nous sommes ici dans une aire opaque où sur un même support, le visage de la vie se confond avec des figures mortifères dans l'enclos d'une intimité incestueuse.

Cette préoccupation que certains cultivent à capter de façon parfois compulsive des illustrations sonores, des images photographiques, témoigne d'une nécessité de garder en mémoire les objets de la vie. Cependant ce projet s'avère au final non-advenu puisqu'il ne s'accompagne d'aucune élaboration psychique, d'aucune ré-interprétations, susceptible d'intégrer les éléments du passé, de les reprendre à son compte, afin de s'inscrire dans une filiation et parler en son nom propre.

L'exigence d'une remémoration par une mise en mots pour une mise en terre13, constitue l'écart possible pouvant différencier, l'horreur des massacres, du retour à la vie.

A quelle génération l'initiative de se souvenir advient ? Quel membre de la famille va se mettre en quête de déchiffrer les énigmes que véhiculent les récits et les messages infra-verbaux qui circulent dans l'enclave familiale et sera en mesure d'offrir une sépulture aux morts, de détrôner les objets de leur toute-puissance, pour enfin, retrouver le chemin du désir ? 

Hasmig Krikorian

  • 1.

    Aznavour Ch. extrait de " il faut savoir ", Ch. Aznavour.

  • 2.

    Dadrian V. Histoire du génocide arménien, Stock, p.362, 1996.

  • 3.

    Cf. Le journal de déportation de Vahram Altounian, in Altounian J. " Ouvrez-moi seulement les chemins d'Arménie / Un génocide aux déserts de l'inconscient ", Préface de R. Kaës, Les Belles lettres, 1990, p.81-113.

  • 4.

    Héritier-Augé F.," Le sperme et le sang ", l'Humeur et son changement, in Nouvelle revue de psychanalyse, n° 32, p. 118, 1985.

  • 5.

    Héritier-Augé F., Le père, Denoël, 1993, p. 110.

  • 6.

    Aulagnier P., l'Apprenti historien et le Maître sorcier, PUF, 1984, p.119.

  • 7.

    Aulagnier P. " Voies d'entrée dans la psychose ", Topique, n° 49, 1992, p.7-31. 

  • 8.

    Piralian H., Génocide et Transmission, l'Harmattan, 1995. p. 16.

  • 9.

    Abraham N. Torok M., l'Ecorce et le noyau, Aubier Flammarion, 1987, p. 272.

  • 10.

    Ferenczi S., " La confusion des langues entre l'adulte et l'enfant-le langage de la tendresse et de la passion ", Psychanalyse IV, Payot, 1996.

  • 11.

    Aulagnier P. Corps et histoire, "Naissance d'un corps, origine d'une histoire ",  IV Rencontre d'Aix-en-Provence, Les belles lettres, 1985, p. 133.

  • 12.

    Altounian J., La survivance / Traduire le trauma collectif, Préface de P. Fédida, postface de R. Kaës, Dunod, 2000, p. 40.

  • 13.

    CF. Titre du chapitre qui introduit le livre de J. Altounian : La survivance, " Mettre en mots, mettre en terre, se démettre de ses ancêtres ",

    ibid. p.1.

    Mon présent travail doit beaucoup aux travaux de Janine Altounian, ainsi qu'aux discussions intéressantes que nous avons partagées.