Clinique psychanalytique des psychoses
Hervé Castanet, professeur des universités, est membre de l'Ecole de la Cause freudienne et de l'Association mon-diale de psychanalyse. Il est psychanalyste à Marseille. Ha publié une vingtaine de livres dont récemment La Per-version (Anthropos-Economica-2012), Sérieux, sériel et conséquences (Himeros-2012) et, en édition de poche chez Max Milo, Comprendre Freud (2011) et Com-prendre Lacan (2013).

Jacques Lacan, en 1955-1956, définit la psychose comme une modalité de dire non à la castration - c'est la Verwerfung (forclusion) du signifiant du Nom-du-Père dans l'Autre du langage. S'en déduit une clinique discontinuiste : les concepts structuraux - présence ou absence du Nom-du-Père - permettent d'élaborer des classes et de répondre dans le registre du certain. La fin de son enseignement (années 1970-1980) ouvre une autre perspective : « Si l'Autre existe, on peut trancher par oui ou non [...] quand l'Autre n'existe pas, on n'est pas simplement dans le oui-ou-non, mais dans le plus-ou-moins [...] » (J.-A. Miller-1998). Cette clinique nouvelle de l'à-peu-près, de l'approximation, est continuiste. Elle n'exclut ni la rigueur ni la postulation du mathème. La psychose y devient un concept étendu, nullement épuisé par les seules formes des psychoses psychiatrisées. Il y a des psychotiques sans phénomènes élémentaires, sans troubles du langage, sans délire, sans errance, etc. Ils relèvent de la psychose ordinaire. Quelle clinique pour ces patients ? Quelle place pour le psychanalyste ?
Ce court essai rassemble deux séries de cas. Dans la première, des psychotiques s'adressent à un analyste - au cabinet pour certains, dans le cadre hospitalier d'une présentation de malades pour d'autres. Quels « bricolages » vont-ils trouver - ou ne pas trouver - grâce au dispositif analytique ? Dans la seconde, trois cas de psychoses extra-ordinaires (J.-J. Rousseau, D. P. Schreber, A. Artaud) trouvent leur issue dans un passage à l'écriture. Chaque cas démontrera qu'effectivement « ne devient pas fou qui veut » (J. Lacan - 1946) !