Parents, ces vérités qu'on vous cache
Henri Rey-Flaud, psychanalyste, professeur émérite de psychanalyse à l'université Montpellier-l il, est notamment l'auteur de L'enfant qui s'est arrêté au seuil du langage (Aubier, 2008), Les Enfants de l'indicible peur (Aubier, 2010) et de Les Paradoxes de l'autisme (avec J.-D. Causse, sous la dir., Érès, 2011).

Sortir de l'autisme
Quelle prise en charge pour l'enfant autiste? Les parents, qui bien souvent ne connaissent ni les principes ni les effets des trois approches dominantes de l'autisme, sont tragiquement démunis face à cette question.
Aujourd'hui, le comportementalisme tient le haut du pavé. Avec lui, on espère obtenir - et on obtient quelquefois -une adaptation minimale à l'espace social ordinaire: prise des repas, hygiène corporelle, utilisation des transports, conduite dans les lieux publics. Mais au prix de quelle violence? de quelle dénaturation de l'enfant? À l'inverse, le «non-agir» initié dans les Cévennes, il y a près d'un demi-siècle, par Fernand Deligny défend l'idée que les autistes, représentants d'une humanité primitive, doivent être, comme les peuples premiers, respectés dans ce qu'ils sont et préservés du monde «civilisé», au risque d'être laissés à leur condition native.
La psychanalyse, repensée, réinventée, libérée des pratiques obsolètes, propose une troisième voie. Substituant une clinique du regard à celle de l'écoute et donnant la priorité à l'accueil et au «tissage» quotidien, elle entreprend d'amener l'autiste non pas à nous mais à lui-même, afin de faire apparaître, à terme, un enfant qui ne soit pas seulement présentable, montrable, mais, comme les autres, « rêvable » par ses parents.
Telle est assurément la sortie de l'autisme - respectueuse de l'enfant - qu'on est en droit d'attendre aujourd'hui.