Fins de moi difficiles.

Gallimard

Connaissance de l’inconscient.

Le principe de plaisir. Paris 2015

Au sein de la collection prestigieuse « Connaissance de l’inconscient » que les lecteurs connaissent bien et dans laquelle de nombreux ouvrages de référence ont été publiés, voici donc que se glisse discrètement un nouveau vocable intitulé « série » et placé sous le registre du principe de plaisir. Cet ensemble- on ne sait trop comment dire- dirigé d’une façon que l’on suppose bienveillante par Michel Gribinski se donne pour maxime de « redécouvrir les intuitions créatrices de Freud » .

On ne boudera pas le plaisir ainsi annoncé à l’occasion de la lecture de cet ouvrage qui se place délibérément en dehors des registres habituels. Il ne s’agit pas ici en effet ni d’un ouvrage de vulgarisation et pas davantage d’un opuscule savant. Ces derniers fleurissent en effet et donnent parfois le sentiment que la théorie vole tellement haut que l’on est parfois à se demander si elle a encore quelque connexion avec le commun des lecteurs et la situation actuelle de la psychanalyse. Quant aux ouvrages de vulgarisation, ils ne font bien souvent que répéter inlassablement les mêmes notions sans véritable invention de quelque ordre que ce soit. Plus originale, est l’approche de l’auteur et peut-être de la collection elle-même c’est du moins tout le mal que l’on peut lui souhaiter.

On retrouve à cette occasion l’esprit de la revue « penser/rêver » trop tôt disparue et qui se plaçait sous la tutelle de J. B Pontalis avec lequel d’ailleurs François Gantheret poursuit dans l’ouvrage une sorte de dialogue imaginaire entre ici et là-bas…

Quel rapport y a-t-il entre la pratique de la psychanalyse et la pêche à la truite ? On dirait à l’énoncer ainsi une espèce de gag. Une devinette en somme destinée à faire rire ou sourire. Mais pas du tout. Et pour le comprendre, sans doute faut-il rappeler que François Gantheret a derrière lui et nous l’espérons également devant, de longues années de pratique et qu’il ne peut parler de la psychanalyse comme le ferait un psychanalyste débutant. Il lui faut trouver d’autres voies pour exprimer de façon subtile ce qu’il peut éprouver lors d’une séance. Une sensation, une manière d’être, un mode d’approche. De même lui faut-il admettre traverser parfois des moments totalement déconcertants, où nulle pensée ne vient soutenir en retour l’angoisse qui lui est rapportée par un patient racontant un cauchemar : un cube rien qu’un cube. Ou bien encore la perplexité devant une guérison ou du moins un brusque retournement que rien ne pouvait laisser prévoir. Ou bien encore un souvenir personnel qui vient sans s’annoncer se mêler aux associations de l’analyste en séance. Tout ceci semble bien étrange à qui ne l’a pas traversé mais bien familier à ceux qui pratiquent jour après jour cet étrange métier : psychanalyste.

On referme le livre avec une certaine connivence avec l’auteur et la pensée loin de se refermer avec la dernière page continue à courir avec lui et le patient qui vient d’entrer rappelle que oui, avec lui, la séance continue…