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Décès de Fernand Cambon
M. & Mme Bernard Combes et leur fille Catherine,
M. & Mme Pierre Dardaillon,
M. & Mme Marc Laborde-Lagrave et leurs enfants Lucile et Jean,
Les membres de sa famille,
Ses amies et ses amis, nombreux,
ont la tristesse de faire part de la mort de
Fernand Cambon (10 juin 1943-12 décembre 2012)
La levée du corps aura lieu mardi 18 à 9 h 30 à Jeanne Garnier, 106, av. Emile Zola, Paris 15è. Elle sera suivie d’une bénédiction et de lectures à 10 h 30 en l’église Saint-Sulpice.
L’inhumation aura lieu le lendemain au cimetière de Riols (Hérault), à l’issue d’une cérémonie religieuse.
Unterdessen halten wir zusammen.
Fernand Cambon, freudien, est mort à 4 heures passées ce matin dans une maison médicale parisienne, réputée pour la qualité de ses soins palliatifs. Mais le palliatif ne faisait pas partie de l’éthique de cet homme engagé jusqu’à la garde dans chacune de ses actions, d’écriture toujours, de traduction souvent, et de Freud en particulier, puisque nous lui devons la traduction de la correspondance de Freud avec Abraham qu’il reprit à nouveaux frais à dix années d’intervalle.
Son amour de la langue allemande né dans sa prime enfance biterroise, l’avait conduit à Paris et à l’Ecole normale supérieure. Embarrassé de ses dons, Fernand Cambon eut recours jeune homme à la psychanalyse pour éclairer sa voie, et après des années dévolues à l’enseignement où il exigea d’être affecté dans un collège de Fontenay-sous-bois tant qu’il put, comme il aimait à le dire, donner des cours d’hypokhâgne à ses élèves de troisième, il se consacra exclusivement à la traduction, allant et venant entre des poètes (Paul Celan), plus souvent des poétesses (Eva Strittmatter, Rahel Hutmacher) et Freud, chargé de la nouvelle traduction de l’œuvre intégrale pour les éditions Flammarion, que la maladie l’obligea à interrompre après les deux premiers titres, mais ce fut pour mener à bien et pour notre bonheur la traduction des Lettres de Freud à ses enfants.
Qui pèsera désormais comme lui les signifiants avec autant de rigueur que de finesse, leur étymologie, leur empan, sur la frontière d’une langue à l’autre, comme il l’a fait, c’est un exemple entre mille, dans son « Freud et l’écriture » paru dans le numéro d’Europe qu’il conçut sous le titre Freud et la culture en octobre 2008, où il nous fait apercevoir les usages par Freud des mots composés de –schrift ? Fernand Cambon n’a pas cessé de payer sa dette à la psychanalyse qui l’avait, il savait le dire, tiré jadis d’une vraie mauvaise passe. La mise en forme de son expérience intime a cristallisé, au cours des vingt-cinq dernières années, dans l’écriture de petits textes originaux, partant toujours d’une trouvaille qui le rivait à sa page d’écriture. L’été dernier, ayant entrepris de les relire il en fit deux recueils qu’il donna à lire à ses amis. Deuils I, Deuils II.
Je l’avais rencontré il y a un peu plus de deux ans chez Tschann où il était venu écouter Philippe Lacadée qui y présentait Walser, le Promeneur ironique. Lui-même a traduit sans qu’aucun éditeur ne l’y ait encouragé l’intégrale des poèmes de Walser. De même il a traduit huit ensembles des poésies de Gertrud Kolmar, qui eux seront édités en 2013 grâce à l’éditeur de Circé.
Infatigable, ostinato, Fernand n’aura jamais reculé que pour mieux revenir, et resserrer son expérience autour de son « souci d’écriture » (Europe, Freud et la culture, op. cit., p.35). Ce solitaire si foncièrement sociable entretenait des conversations singulières avec nombre d’« amis » d’horizons ou d’écoles de psychanalyse différentes. Il aura su les faire se rencontrer, pour entretenir le mystère qui fait un homme se lever dès potron-minet et se hâter sans prendre le temps de se raser vers sa table de travail, pour honorer l’autorité mystérieuse d’une force nommée désir.
Nathalie Georges, ce 12/12/12.