Radmila Zygouris. L’amour paradoxal ou une promesse de séparation. Édition revue et corrigée. Éditions des crépuscules. L. Le Vaguerèse

L'amour paradoxal ou une promesse de séparation

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C’était il y a bien longtemps déjà. Y avait-il une bande ? Sans doute. Elle allait se retrouver autour de ce que l’on a appelé le Référé espèce de révolte contre les décisions de plus en plus arbitraires de Lacan que l’on soupçonnait d’être en sous-main celles de Jacques-Alain Miller. Cette bande, je n’en étais pas. Je n’étais pas membre de l’École Freudienne et n’en serais jamais car celle-ci allait disparaître avant que ma candidature ne soit examinée. Mais enfin, même si je n’en étais pas, il me semble que je me reconnaissais assez bien dans l’esprit frondeur qui animait certains de mes aînés. J’avais, au cours de l’une des journées organisée par l’École, scandalisé l’assistance en osant évoquer l’après Lacan (cette intervention a disparu du compte rendu qui a été fait de cette journée dans les Lettres de l’École). Diable. Que n’avais-je dit là. Une forme de crime de lèse-majesté. La suite allait hélas me donner cruellement raison. La nuit des longs couteaux en était déjà à ses prémices.

Le temps a passé comme on dit. Presque un demi-siècle. Ce n’est pas rien !

 

Dans ces conditions, ce n’est pas tout à fait pour moi une lecture comme les autres que celle de ce livre de Radmila Zygouris. Il rassemble des articles non encore publiés et dont beaucoup, si j’ai bien compris, sont sur le site internet qu’elle a créé et dont j’avoue j’ignorais jusque-là l’existence. Je ne vais pas entrer dans le détail de chacun de ces textes. Disons déjà que le titre dit beaucoup. Car s’il évoque le transfert dans pratiquement tous les textes figurant dans l’ouvrage c’est bien pour souligner que le but d’une analyse doit avoir pour perspective finale la séparation d’avec l’analyste ; Malheureusement c’est loin d’être toujours le cas et beaucoup d’analystes me semble-t-il sont loin d’avoir franchi cette ultime étape.

Je peux dire, pour aller vite, que je suis à peu près au diapason de ce qu’écrit ma Consœur avec laquelle depuis 45 ans je suis lié sans que rien ne soit dit. Que je partage son idée qu’il faut distinguer le lien qui peut se créer entre un analyste et son analysant, du transfert proprement dit cela va de soi mais cela va encore mieux en le disant. Pour ma part, mais elle dit quelque chose de pas très éloigné, le transfert n’est pas seulement la position du psychanalyste comme paternel ou maternel ou encore fraternel. Et l’un des points que Lacan indique c’est que lorsque l’analyste parle de cette position ce qu’il dit est dans le transfert c’est-à-dire que c’est alors le père la mère le frère ou la sœur qui parle. J’ajouterai un point déjà énoncé dans l’une des publications de l’époque que Radmila avait initié « L’ordinaire du psychanalyste » que pour moi il y a un moment du transfert d’où peut surgir brusquement une interprétation.

 

Mais laissons cela. Radmila Zygouris dit aussi des choses que je partage oh combien. Que le social et le politique et l’Historique interviennent dans la cure. Que tout le monde ne peut pas devenir psychanalyste et j’ajouterai pour ma part et à regret que tout le monde n’est pas capable de faire une analyse quelle que soit la valeur du psychanalyste. Cela nous confronte à des échecs que nous avons parfois du mal à accepter.

 

Je pense qu’il n’est pas mal venu de conclure ce bref compte rendu par une citation qui conclut cet ouvrage.

« Pour devenir analyste, il faut savoir rire, être courageux, ne pas craindre la solitude, accepter d’être orphelin, avoir de l’humour, et accepter d’avoir des maîtres à l’inconscient sans fond, et qui, dans le meilleur des cas, sont des enfants doués échappés de peu à la folie de leur famille. »

 

Laurent Le Vaguerèse