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Dany-Robert Dufour:" La phénomène Trans. Le regard d'un philosophe"
Dany-Robert Dufour:" La phénomène Trans. Le regard d'un philosophe"
Dany-Robert Dufour
Le phénomène trans.
Le regard d’un philosophe
Le Cherche midi
Emporter un livre écrit par un philosophe en vacances pourrait sembler à certains relever du pur masochisme (ce qui, je l’espère, n’est pas vraiment ma tendance profonde!) et c’est certain, sortir ce livre sur une plage relève de la provocation voir du snobisme le plus pur. Le titre faisant évidemment penser à quelqu’un ne supportant pas ses concitoyens et décidé à souligner que la tendance transformer France Culture en joyeuse colonie de vacances trouve en lui un opposant farouche et déterminé à le faire savoir. Eh bien détrompez-vous car c’est un livre pour lequel les adjectifs truculent, jouissif, marrant, cocasse bref relevant d’une intelligence qui ne cherche pas à vous en mettre plein la vue et pour lequel le lecteur sera toujours reconnaissant à l’auteur de lui avoir fait passer un sacré bon moment.
Des ouvrages sur les trans j’en ai emporté quelques-uns et chacun éclaire la question d’un façon originale. C’est particulièrement le cas de celui-ci. Ne vous effrayez pas si vous apercevez en le feuilletant quelque dessin comme ceux qu’aimait dessiner Lacan sur son tableau car leur explication est du niveau de la maternelle. Son premier objectif : ne pas se contenter de dénoncer l’individualisme qui frappe nos sociétés jusqu’à en menacer les fondements. Ce qu’il nous montre d’abord c’est que derrière chacun de nos choix supposément individuel, se cache un Maitre qui organise et dirige nos choix, l’offre précédant toujours la demande, ce qui me rappelle un article que j’avais écrit dans ce sens il y a 45 ans environs lassé d’entendre dans les synthèse des lieux ou je travaillais parler de la demande du patient. Nos choix sont d’abord des choix orientés et de façon telle que nous ne pouvons designer aucun Maitre.
Un autre développement intéressant concerne une arnaque que j’essaie également de dénoncer autant qu’il m’est possible de le faire : la diffusion à l’envie dans tous les médias possibles et imaginables du qualificatif LGBT+ à croire qu’il sera bientôt disponible dans le Robert et le petit Larousse si ce n’est pas déjà le cas. Je ne sais pas qui a eu cette idée géniale de constituer un sigle qui met dans le même sac le sexe et le genre et qui assimile une lutte contre l’homophobie toute mise en question des promoteurs de la transidentité. Que les dit Trans ont progressivement exclu les homosexuelles femmes d’associations qui jusqu’ici un prenaient leur défense en est l’un des exemples les plus flagrants et c’est loin d’être le seul.
Non le sexe nous est bien imposé dès la naissance dans 99,9% des cas, le genre lui et ce qui constitue l’objet de notre désir prend lui un nombre quasiment infini de formes.
Je vous conseille aussi, tout particulièrement le chapitre consacré à l’écriture inclusive. Pour ne rien vous cacher c’est un sujet qui m'irrite au plus haut point quand je vois nos concitoyens se débattre déjà en vain avec la conjugaison de participe passé!
Bref, achetez-le, lisez-le passez le autour de vous. Ce livre fait du bien et ce n’est pas si fréquent.
Laurent Le vaguerèse
Voir également le commentaire de Monique Lauret dans la fiche du livre : https://www.oedipe.org/livre/le-phenomene-trans
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Comments (3)
De Dany-Robert Dufour, j'ai lu Le bégaiement des maîtres, Le divin marché, Les mystères de la trinité, Folie et démocratie. Il fut aussi mon professeur à Paris 8. Je me pense donc autoriser à dire que je l'ai un peu fréquenté. Or, il y a une chose que ni votre commentaire ni celui de Monique Chollet ne précise. Dany-Robert Dufour n'est pas un philosophe politiquement neutre. C'est un philosophe que je qualifierai de réactionnaire. Et comme les réactionnaires ont l'habitude de le faire, les présupposés à partir desquels il raisonne ne correspondent pas à la réalité. Ils la réécrivent. C'est une constante de la rhétorique réactionnaire qui peut être très utile pour la reconnaître, de l'alt-right états-uniennes aux poncifs qui se lisent dans Marianne, Eléments ou Valeurs actuelles.
Les personnes LGBT+, et c'est peut-être tout l'intérêt de ce rassemblement sous un même sigle, sont des personnes minoritaires dans nos sociétés. La majorité des personnes ont une sexualité de type hétérosexuel. Quant aux personnes qui changent de sexe pour faire correspondre leur sexe à leur genre, ce qui n'est pas nécessairement et a priori un désir insensé, non seulement elles sont ultra-minoritaires mais elles suivent un parcours médical, social, psychique particulièrement redoutable. On peut leur supposer un désir singulier qui ne soit pas celui d'un grand Maître supposé auquel elles succomberaient sans le savoir. Je ne suis pas sûre que l'offre libérale de changement de sexe soit le ressort fondamental qui pousse ces personnes vers ce parcours du combattant.
Le "Marché" déciderait pour les individus et l'offre ferait la demande, à laquelle céderaient des individus sidérés, mal divisés, sous emprise du discours du capitalisme. N'est-ce pas un peu rapide ?
Que nous disent ces personnes qui ont changé de sexe de ce que ce changement de sexe dit de notre société ? Comment les autres les perçoivent-ils dans leur nouveau sexe ? Qu'entendent-ils qu'ils n'avaient jamais entendu ? Qu'est-ce que cela nous apprend de nos fonctionnements sexués ?
Et concernant cette volonté d'associer sexe et genre, que nous disent-ils du passage d'un travestisme à celui d'un changement de sexe ? Qui rend ce passage parfois impératif ? Eux ? Nous ? Qui, dans notre société lepénisée, est prêt à traiter dignement un travesti qui n'a pas changé de sexe, au travail, au restaurant, partout ? Qui est prêt à accepter un genre qui s'affiche différemment du sexe biologique ? Elle vient d'où l'injonction à changer de sexe si injonction il y a ?
Je ne sais pas ce que diront de leur choix les personnes qui ont changé de sexe dans 20 ou 30 ans. Mais la psychanalyse non plus. Qu'elle ne s'égare pas à nouveau en se figeant sur des dogmes. Elle ne l'a déjà que trop fait, et en reconnaissant bien trop peu des torts qui lui sont imputables, notamment sur la question des autistes.
Catherine Grandjean
Qualifier quelqu'un qui ne rentre pas dans le discours actuel de réactionnaire est un vieux truc qui vise à ne pas vouloir entendre ce qui est dit . Ce que l'on constate c'est que la gauche d'aujourd'hui a oublié ce qui en a fait le fondement : l'universalisme. Mélanger sexe et genre, confondre homosexualité et transsexualisme, abonder dans le discours woke qui est un nouveau fascisme, heureusement certains psychanalystes ne tombent pas dans ce piège.
Je ne vois pas mon commentaire auquel je suppose pourtant que vous répondez puisque c'est dans ce commentaire que je qualifiais Dany-Robert Dufour de philosophe réactionnaire. Ce que je maintiens. Ce n'est pas un "truc". C'est un mot qui a un sens, une histoire, une filiation dans laquelle s'inscrit Dany-Robert Dufour. Je ne suis même pas sûre qu'il le dénigrait lui-même d'ailleurs. Quant à votre usage du terme de "woke" dont les universitaires disent qu'il ne correspond à aucune conceptualisation conséquente et sérieuse, dans aucune branche des sciences humaines (mais peut-être sont-elles fascistes elles aussi...), c'est vraiment donner de l'importance à un terme qui n'en a pas. Et puis vous voilà à identifier un wokisme qui veut tout dire et qui ne veut rien dire à un "nouveau fascisme".... Et c'est moi qui use de "vieux trucs". Vraiment, ça n'est pas sérieux. Mon commentaire était argumenté et vous y répondez par des poncifs dignes de Valeurs Actuelles.
Mais je voudrais surtout que vous ayez le courage d'afficher mon commentaire puisque vous y répondez.