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Au fil de soi
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Au fil de soi
Char, Juarroz, Soulages, Mizubayashi
Philippe Porret
Si la cure analytique est ce lieu où l’on parle de soi, peut-on véritablement y parler de Soi au sens d’une structure définitive qui nous arrimerait à une identité centrale ? L’existence même de l’inconscient y objecte sérieusement : Soi ne s’atteint pas.
Pourtant il est des circonstances qui produisent un trouble identitaire intérieur, dévoilant une vacance dans la conscience que chacun peut avoir de son existence, et donnant le sentiment qu’une altérité intime se signale en nous. Comment appréhender ces difficultés identitaires et les envisager par rapport au Moi ? S’agit-il d’une nouvelle instance, d’un trouble de la conscience, d’une forme de décompensation… ?
Philippe Porret analyse ici ces vertiges qui sapent l’identité d’un sujet, bouleversent ses idéaux et ses certitudes, en s’appuyant sur le parcours de plusieurs artistes qui se sont avisés de cette cartographie intérieure ainsi que des créations ou impasses qu’elle rendait possibles. Ils y fonderont chacun leur pratique : René Char et Roberto Juarroz y forgeront leur acte poétique ; Pierre Soulages y brossera une clarté d’être et d’ombre nouvelle ; Akira Mizubayashi y fera fleurir une langue nouvelle et sensorielle dégagée du maternel et de l’originel. Les psychanalystes, quant à eux, y reconnaîtront des traces sensibles du parlêtre, dont la cure ramène parfois des rumeurs fécondes ou périlleuses du côté de chez soi.