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La fin des coupables suivi de Le cas paramord
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la fin des coupables suivi de le cas paramord
II. obsessions et contrainte intérieure de la psychanalyse aux neurosciences
pierre-henri castel
Qu'est-il arrivé à la névrose obsessionnelle inventée par Freud ? Pourquoi en est-on venu à parler désormais de troubles obsessionnels-compulsifs ? Questions étranges, parce qu'elles semblent monter en épingle un détail infime de l'histoire de la psychiatrie, loin des soucis traditionnels des philosophes pour la folie. Elles se tiennent au contraire au ras des souffrances d'un nombre immense de gens ordinaires, mais angoissés, doutant de tout, l'esprit traversé par des obsessions atroces ou absurdes, et dont mille rituels dérisoires gâchent la vie (vérification, lavage, symétrie, etc.).
Les récits de deux cures psychanalytiques, livrées avec une exceptionnelle richesse de détails, encadrent la réponse : celle d'un patient de Freud, « l'Homme aux rats » et celle d'un de nos contemporains, «Paramord». On y découvre combien la contrainte féroce à devenir soi-même en assumant ses actes aura été la pierre de touche de l'identité de l'individu dans la modernité. On y découvre aussi combien, de Freud à l'âge de l'esprit-cerveau, notre sens de l'intériorité a changé. Pierre-Henri Castel conclut ici, par une traversée du XX0 siècle, l'enquête entamée avec Âmes scrupuleuses, vies d'angoisse, tristes obsédés. Pourquoi être «civilisé» a pu paraître à ce point odieux à ceux qui ont préféré la barbarie totalitaire ? Qu'est-ce qui faisait donc tant souffrir Pessoa ou Kafka ? Le conformisme social menace-t-il la démocratie ? Par qui et pour qui furent inventées les thérapies comportementales, puis cognitives ? Comment la culpabilité excessive, terrible creuset de l'individuation personnelle en Occident, s'est-elle muée en dysfonction cérébrale ? Freud, Arendt et Adorno, Elias et Mauss, Melanie Klein et Lacan nous guident dans ce labyrinthe, tout bruissant des voix perdues d'une foule d'obsédés. L'histoire des sciences s'élargit alors aux dimensions d'une épopée morale. Car ce que nous ne pouvons pas nous empêcher de faire ou de penser et qui nous obsède et nous contraint de l'intérieur révèle le coût psychique exorbitant de nos idéaux d'autonomie et de self-control.