les almanachs de la psychanalyse (1925-1938)

C’est une belle et intéressante aventure que l’écriture de ce livre. En effet l’auteur1, dont on connaît l’amour de l’écriture, l’intérêt et la curiosité pour la psychanalyse et son histoire, découvre il y a de cela une quinzaine d’années, à Hambourg, « par hasard » (mais il n’y a pas de hasard pour ce genre de découverte), un petit opuscule datant de 1928 et contenant entre autres un texte de Lou Andréas Salomé en première édition. Elle en découvre un second et se prend pendant une dizaine d’années au jeu de la collecte et déniche chez des libraires du monde entier et chez certains particuliers d’autres petits volumes, colorés, comme en témoigne d’ailleurs la couverture de ce livre, originaux, non réédités ni traduits . Il s’agit des Almanachs annuels de la psychanalyse,

dont le premier numéro, l’Almanach de 1926 est de belle facture, un vrai livre, tiré à 9000 exemplaires.

On sait le souci de Freud de faire connaître son travail et celui de ses disciples. Dans les débuts de la psychanalyse et dans l’ignorance puis l’éventuel rejet qu’elle suscitait, publier, comme d’ailleurs pour tous les chercheurs, inventeurs et découvreurs, semblait indispensable. Les publications semblaient à Freud, à juste titre, essentielles pour faire connaître cette « nouvelle science » et laisser trace du travail et clinique et de pensée de la psychanalyse et l’on connaît le temps, l’énergie et l’argent que Freud a consacrés à sa maison d’édition, son « cher Verlag » qu’il appelait son « enfant à problèmes ».

C’est cette histoire de l’éditeur Freud que nous conte l’auteur, à partir de sa  lecture des almanachs que l’on connaissait moins, sinon pas pour certains d’entre nous.

Cette formule de publication des textes de l’année, proposée à Freud en 1925, par Storfer, légère du point de vue éditorial, répétitive chaque année, permettant de faire connaître la psychanalyse et de suivre l’actualité de son élaboration, était en effet idéale pour publier au fur à mesure de leur écriture non seulement les multiples textes de ses disciples mais aussi d’y mêler des images, des textes d’auteurs de langues et d’obédiences diverses ouverts à cette « nouvelle science ».

Ce « temps des almanachs », treize ans, « est intégralement inclus dans les seize années de la maladie de Freud (1924-1939). …Et c’est ce qui nous les rend aujourd’hui précieux car s’il est vrai qu’on y trouve beaucoup des textes repris ensuite dans repris des revues Zeitschrift ou Imago etc.

http://www.unebevue.org/zones-freud/28-science-des-reves-et-science-des-revues/170-naissance-du-jahrbuch-et-polemiques-autour-d-un-titre

, ou publiés dans la maison d ‘édition à laquelle Freud tenait tant, la Verlag, ils témoignent surtout de l’histoire de la psychanalyse et des pays dans lesquels elle s’est implantée, ce qui a intéressé nombre d’historiens, mais semble-t-il jusqu’ici peu de psychanalystes.

« Miroir d’une époque, anthologie de textes de Freud et de ses disciples, les Almanachs font mémoire du désir de Freud », écrit l’auteur dont la recherche sur les almanachs va être l’amorce de tout un travail sur Freud et l’édition dont ce livre est l’aboutissement.

On ne peut que penser à la lecture du livre extrêmement vivant d’Henriette Michaud à l’importance des revues qu’elles soient de psychanalyse ou d’autres savoirs, qui témoignent de l’histoire de la pensée, de l’écriture, du développement des sciences et de l’art et donc de l’histoire d’une époque et de la grande Histoire .

Françoise Petitot

 

  • 1.

    Henriette Michaud, Psychanalyste, Les revenants de la mémoire. Freud et Shakespeare,2011. Essai collectif Correspondances de Freud 2008.