Cinema

amour
Michael Haneke, 2012, Amour. Ouverture La première séquence est une effraction dans le lieu. La mort, dès ces premiers plans, découverte par des étrangers et par des fonctionnaires représentant leurs institutions, a deux visages : elle pue mais elle est belle, monstrueuse comme ce corps étendu sous les fleurs enfin livré par l’image, dans un entrebâillement. À l’instar de Georges : « Tu es un monstre parfois, mais tu es gentil », lui dit Anne, la mort est une chimère qui terrifie et délivre. Jean-Roger Caussimon en a fait une belle chanson. « La mort est délivrance, elle sait que le...
dans la maison
François Ozon, 2012, Dans la maison : Les noms du père ? Jacques Lacan nous a laissé un certain nombre de formules étranges, dont on sent qu’il faut du temps et du jeu pour que peu à peu, ou par chance, à l’occasion, l’une d’elle s’éclaire : « il n’y a pas de rapport sexuel », « la femme n’existe pas », « ne pas céder sur son désir », [lenõdyper] qu’on pourrait écrire « noms du père/Père », « nons du père », « non dupes errent » ? Le film de François Ozon, Dans la maison, m’a fait songer à ce dernier aphorisme, comme si la formule lacanienne s’en éclairait ou qu’à l’inverse ce...
Labaki
Nadine Labaki, Et maintenant, on va où ? 2011, France. Disons-le tout de suite, je n’aime pas ce film. J’ai même failli sortir, agacée par les invraisemblances d’un scénario qui empilait les ruses imaginées par des femmes, certes truculentes ou pathétiques à leurs heures, mais dont les inventions sont totalement aberrantes. J’avoue que je n’ai rien compris. Le pire, c’est qu’un de mes amis libanais m’avait incitée à aller voir « Et maintenant on va où ? » en déclarant, à propos du conflit libanais : « allez voir ce film, vous aurez tout compris ». Tout ce que j’ai compris, c’est que malgré le...
rome
En règle générale, aimant les (bonnes) surprises, je n’apprécie pas vraiment qu’on me raconte les films que j’ai le projet d’aller voir, pas plus que les « bandes annonces ». Alors, me voilà bien embarrassée pour évoquer ici un film que j’ai bien aimé, sans pour autant tout dévoiler aux lecteurs par mon récit. Ce film aux couleurs romaines dégage une chaleur, une fantaisie, une vitalité contagieuse, réconfortante… Toute la presse en parle, et je n’y reviens donc que brièvement : on le sait, W. Allen fait actuellement le tour des villes d’Europe pour camper personnages et situations...
audiard
Jacques Audiard continue, dans ce nouvel opus, une belle réflexion sur le pouvoir, la puissance et la fragilité. Les protagonistes, Stéphanie, dresseuse d’orques et Ali, homme au corps puissant, filmé comme un paquet de muscles un peu lourd, sont tous les deux fascinés par la majesté, la force excitante et intimidante, purement physique, opaque. Ces masses aveugles des orques, comme de grosses peluches, de même que le corps élastique et rebondi du boxeur luisant, ont quelque chose à la fois d’effrayant et d’attendrissant, comme des forces naïves, enfantines, faute d’une intelligence (supposée...
fenetre d en face
La fenêtre d'en face de Ferzan Ozpetek. Dès sa sortie en salle en décembre 2005, ce film italien, amplement récompensé, connaît un vif succès : quatre David Di Donatello – l'équivalent de nos César français – dans les catégories Meilleur film, Meilleur acteur (Massimo Girotti), Meilleure actrice (Giovanna Mezzogiorno) et Meilleure musique ; trois Golden Globes italiens dans les catégories Meilleur film, Meilleur acteur (Massimo Girotti) et Meilleure actrice (Giovanna Mezzogiorno) ; ainsi qu'un prix du Meilleur réalisateur au 38e Festival du film de Karlovy Vary. La fenêtre d'en face s...
a dangerous method
A Dangerous Method 3 Geneviève Morel Freud ne voulait pas d’un film sur la psychanalyse. En 1925, Pabst, déjà célèbre pour avoir tourné La rue sans joie avec Greta Garbo, lui proposa un film sur la science de l’inconscient, dont les scénaristes seraient Abraham et Sachs, et le héros Werner Krauss, célèbre acteur expressionniste qui avait joué dans Le cabinet du Docteur Calligari de Robert Wiene (1919) 4 . La réaction de Freud fut sans ambiguïté : il refusa catégoriquement d’être associé à ce projet. « Ma principale objection reste que je ne tiens pas pour possible de...
Shining Kubrick
Les bonheurs de l’été : peut-être avez-vous eu la chance de voir les films de Asghar Farhadi, l’auteur d’Une séparation, À propos d'Elly et La Fête du feu, tout aussi excellents, avec une cohérence remarquable et de profiter de la rétrospective Stanley Kubrick. The Shining de Stanley Kubrick, 1980 : « All work and no play makes Jack a dull boy ». Certes, le jeu est nécessaire à l’enfant et à l’adulte car non seulement il permet d’échapper à l’ennui, et nous évite de devenir ennuyeux, mais en jouant, l’homme parcourt l’espace et le temps grâce au fantasme, sortant du labyrinthe dans lequel le...
la piel que habito
Almodovar, La piel que habito Je ne vais pas vous inciter à aller voir un film d’Almodovar puisque nous sommes sans doute nombreux à guetter la sortie du dernier opus du grand cinéaste, comme du dernier Woody Allen ou Martin Scorcese, Herzog, Wenders ou Godard. Ne me reprochez donc pas de dévoiler la fin. Si vous n’avez pas vu le film, ne lisez pas ceci. Si vous l’avez vu, vous pouvez y retourner. Car le plaisir est encore plus grand la deuxième fois. Ce qui prouve que tout le bonheur d’un film n’est pas dans le suspens et les mystères d’une intrigue, même si cette dernière est...
C’est le genre de film qui met plutôt mal à l’aise parce qu’on ne sait pas s’il inclut le fait qu’on s’identifie aux personnages et à leurs valeurs, à leur idéologie qui est peut-être celle du film (du cinéaste) ou non. Bref, je m’agace de sentir que je suis supposée trouver Laurence et ses choix formidables, d’admirer sa posture, son courage, peut-être même de la trouver belle, comme le lui disent, dans ces scènes censées représenter le comble de la féminité, entre une mère et sa fille, entre deux amies, dont l’une immanquablement dirait à l’autre, toute rougissante de bonheur et de pudeur...

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