Cinema

Phantom Thread
Phantom Thread film dramatique britannico-américain écrit et réalisé par Paul Thomas Anderson avec Daniel Day-Lewis, Vicky Krieps et Lesley Manville Le fil fantôme ou le tissu fantôme, ou le fil du fantôme et même to thread the needle en tant que métaphore des rapports érotiques entre un homme et une femme, l’ OED , l’ Oxford English Dictionnary , permet toutes ces interprétations, richesse polysémique de la langue anglaise que nos cousins canadiens québécois restreignent, me semble-t-il, en proposant à ce film le titre Le fil caché . Ce film qui a cumulé...
La douleur
La douleur. Film d'Emmanuel Finkiel Quand je suis sortie de La douleur, je me suis dit que c’était un film formidable. Ce n’est pas la douleur qui est formidable, bien sûr, c’est l’attente, la mise en scène de l’attente de quelqu’un qui, quoi qu’il en soit, ne reviendra pas, même s’il revient. Car en définitive il n’a fait que se prêter, il n’a fait qu’incarner le personnage de l’attente dans un contexte éminemment précaire, dangereux où il faut tout donner de soi en réservant l’essentiel par-devers soi. Il m’a semblé avoir déjà vécu une situation à certains égards comparable, quand je...
12 jours
Raymond Depardon, 12 jours : Beckett au parloir. Je ne sais pas ce qui me révolte du film ou de la procédure qu’il décrit, ou bien encore s’il s’agit de la procédure dans le dispositif bref, d’un film qui me concède une position intenable, m’enfermant avec lui dans la boîte à images et accessoirement la boîte à folie. Dans Les Habitants déjà, Depardon enfermait les gens dans une boîte, une sorte de photomaton/caravane dans lequel ils échangeaient des propos le plus souvent d’une pauvreté désarmante et pitoyable, complètement pris dans les stéréotypes, la misère de leur...
Julieta
Réflexions à partir du film Julieta Louise Grenier RIEN SUR MA FILLE ? Une « ombre à peine capable de revivre » (Freud) [2] : voilà comment Freud désigne le lien à la mère et ses affres dans l’histoire des filles, ce qu’il appelle le préœdipien : une ombre qui se heurte à un refoulement inexorable et qui ne cesse de hanter la psyché féminine. Dans le film Julieta , le maternel est une mémoire liquide où errent des naufragés et des signifiants arrachés au silence de Pontos. [3] Freud écrit : « La pénétration dans la période préœdipienne de la petite fille nous surprend comme...
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Happy end Michael Haneke
Michael Haneke, Happy end , 2017 (pour ceux qui ont déjà vu le film ou qui n’ont pas peur de connaître la fin) La critique ne semble pas avoir tellement aimé le dernier film de Haneke. Il n’apporterait rien de plus à l’œuvre du cinéaste, n’aurait pas la grandeur du Ruban blanc , ainsi qu’une comparaison nous en avertit, dans Le Monde qui publie, le même jour (ce mercredi 4 octobre 2017) un article sur le premier, donné sur Arte et sur le second qui sort en salle. Il se trouve que j’ai vu Happy End en avant-première, au cinéma Utopia de Bordeaux, il y a une...
Un beau soleil intérieur, Claire Denis
Un beau soleil intérieur , Claire Denis « — et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mélancolie » Si je cite Nerval, El Desdichado , en épigraphe, ce n’est pas tant pour placer sous le signe de la « mélancolie », le film de Claire Denis, que pour signaler qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil… de la névrose. Si l’on s’identifie au personnage d’Isabelle, — et comment ne le ferais-je pas ? — que le film est agaçant ! Documentaire sur la névrose ordinaire d’une femme d’aujourd’hui, ses errances sentimentales, sa quête amoureuse aussi persistante...
barbara
Barbara , Mathieu Amalric, Jeanne Balibar : « Ma plus belle histoire d’amour, c’est vous ! » Le film Barbara n’est pas seulement un beau film, émouvant, en hommage à la grande chanteuse, mystérieuse et douloureuse, c’est un film d’amour, une histoire d’amour ou de l’amour. Il n’est pas indifférent que le public sache que Mathieu Amalric et Jeanne Balibar ont été un couple. Le spectateur se demande ce qui a bien pu séparer ces deux êtres magnifiques et qui semblent s’aimer, l’un offrant à l’autre, tous les deux également, ce film qui lui ressemble. Peut-être devine-t-on que...
Village, visages
Agnès Varda et JR, Villages visages De l’émotion qui ne serait pas du pathos Quoi de plus difficile à définir que l’émotion et plus encore l’émotion esthétique ? Beethoven était extrêmement fâché contre Goethe qui lui avouait avoir « pleuré » en écoutant l’une de ses œuvres : « les artistes sont de feu, ils ne pleurent pas » [1] . Beethoven détestait les Viennois qui larmoyaient au concert, détestait ce sentimentalisme. Il voulait que l’on écoute et comprenne sa musique, que l’on ressente un autre type d’émotion qui ne relèverait pas du pathos mais inciterait à l’action...
everything
Everything, everything (et Winnicott aussi, j’ajoute) Film nord-américain de Stella Maghie Avec Amanda Stenberg, Nick Robinson, Anika Noni Rose Pour célébrer l’approche des vacances, j’ai choisi un film que je supposai léger et qui peut-être l’est. Cela ne m’a pas évité de me trouver au cœur d’une expérience assez bizarre. En entrant dans la salle, j’ai bien vu ici et là des groupes de filles, par cinq, par dix. À la fin du film, en me préparant à partir, j’étais entouré d’une centaine de filles. Dans la salle pleine, il n’y avait quasiment que des filles. Nous étions tout au plus trois ou...
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l'amant double
L’Amant Double (un film sur les psys) de François Ozon avec Jérémie Renier, Jacquelinne Bisset et Marine Vacht, Marine Vacht, Marine Vacht, et Marine Vacht C’est « l’histoire d’un mec » C’est l’histoire d’un mec qui. Qui ici est une fille, donc c’est l’histoire d’une mec. La fille, c’est Marine Vacht, présente dans la quasi-totalité des plans de ce film. Elle va mal, elle a mal au ventre. Son médecin lui dit que c’est psy. Donc elle va voir un. C’est marqué en bas de son immeuble. PSYCHIATRE. Elle n’a pas un rond, mais c’est un immeuble de luxe, un bureau de luxe, un psy de luxe. Ce n’est pas...

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